Publicité

Les marchés des changes ne sont pas morts

Si la récente appréciation du dollar américain face à l’euro et au yen a permis de voir le cours anticipé de certaines devises augmenter vraiment légèrement, il s’agit tout au plus d’un frémissement

La chronique des changes

Les marchés des changes ne sont pas morts

Ces derniers mois, les marchés des changes présentaient un électroencéphalogramme plat tant la volatilité était faible. Si la récente appréciation du dollar américain face à l’euro et au yen a permis de voir le cours anticipé de certaines devises augmenter vraiment légèrement, il s’agit tout au plus d’un frémissement. A titre d’exemple, jusqu’à cette semaine, les fourchettes de cotation journalière du taux de change euro/dollar étaient inférieures à 100 pips pendant plus de 60 séances d’affilée (le record précédent, de 23 jours, remonte à 2002). Ailleurs, même avec les événements en Ukraine, le rouble russe montre moins de signes de mouvement qu’à la fin de 2011.

Si l’apathie risque de persister, il y a toutefois un certain nombre de raisons qui laissent entrevoir un regain d’effervescence sur le marché des changes.

Tout d’abord, il s’agit de la première semaine du mois, une période toujours importante pour les grandes devises car marquée par la publication d’indicateurs économiques clés aux Etats-Unis.

Deuxièmement, la Fed de Janet Yellen fait tout ce qu’elle peut pour éviter de donner des indices sur l’orientation de sa politique et s’en remet aux indicateurs économiques pour déterminer le calendrier du relèvement à venir de ses taux d’intérêt. Les participants au marché tablent sur un premier relèvement à la mi-2015 depuis plus d’un an maintenant, avec une certitude qui va crescendo. Toutefois, comme je l’ai évoqué dans mes récents rapports, le marché se méprend toujours sur les intentions de la Fed. Par conséquent, vers la fin de l’année, soit les taux des fonds fédéraux seront plus élevés que prévu actuellement, soit les taux nuls seront encore d’actualité et les spéculations iront bon train sur une quatrième phase de l’assouplissement quantitatif (QE4). Ce seront donc les données économiques en elles-mêmes qui diront ce que la Fed fera.

Troisièmement, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) se réunit cette semaine. A l’issue de cette réunion, la BCE devrait dévoiler plus de détails sur l’envergure et le calendrier de son programme à venir d’achats de titres adossés à des actifs, la forme d’assouplissement quantitatif choisie par les «sages de Francfort». Si les indicateurs américains sont raisonnablement bons ou meilleurs cette semaine, cela soulignera davantage la divergence de politique monétaire entre la Fed et la BCE.

Enfin, les marchés d’actions américains enregistrent une ascension épique sans correction marquée depuis le début de l’année 2012, voire depuis 2011. Le QE de la Fed a joué un rôle essentiel dans la hausse incessante des cours des actifs financiers aux Etats-Unis et même dans le monde. Or les participants au marché n’ont pas encore anticipé la fin probable du QE3 à l’issue de la réunion d’octobre du FOMC.

Il serait bien imprudent d’annoncer une sévère correction des marchés. Néanmoins, si nous sommes vraiment censés anticiper la fin de l’ère du QE aux Etats-Unis, il faut bien admettre que les risques augmentent. * Analyste et stratège en devises auprès de Saxo Bank