Ce sont donc de nouveau des investisseurs moyen-orientaux qui viennent secourir Credit Suisse. Difficile de ne pas tracer un parallèle avec la crise financière de 2008. Le fonds souverain du Qatar était alors entré dans le capital de Credit Suisse, qui pouvait ainsi survivre à l’onde de choc mondiale sans demander l’aide de l’Etat. Trois ans plus tard, le Qatar Investment Authority participait aussi à une émission d’obligations convertibles. L’entité a détenu jusqu’à 10% de la banque, une part aujourd’hui réduite de moitié.
Investissement stratégique
L’histoire de la banque avec le Moyen-Orient ne s’arrête pas là. Le groupe Olayan, qui possède presque 5% du capital (10% pendant une période), est aussi l’un des plus anciens actionnaires de la banque. Ce conglomérat industriel saoudien avait lui aussi investi dans les obligations convertibles en 2011.
Plus grande banque du royaume, SNB est le résultat de la fusion entre la National Commercial Bank (NCB), la plus grande institution financière saoudienne à l’époque, et Samba Financial Group. Cotée en Bourse, elle est détenue à 37% par le fonds souverain saoudien, selon le site internet de la bourse de Riyad. Ce dernier, le Public Investment Fund (PIF), a investi dans six autres banques dans la région, mais aussi dans Arab Bank Switzerland. «Il faut voir cette prise de participation comme un investissement du gouvernement saoudien avec l’objectif de diversifier l’économie et les revenus, plutôt que comme un pas vers un rapprochement ou des partenariats entre SNB et Credit Suisse», explique un connaisseur de l’Arabie saoudite.
L’opération doit encore être approuvée par les actionnaires lors d’une assemblée générale extraordinaire le 23 novembre. Les détails seront publiés lundi, tandis que la cotation des nouvelles actions, si elle reçoit un feu vert, se produira le 9 décembre.
Tout le monde n’est pas emballé par ce projet, ce qui explique la chute de l’action ce jeudi (jusqu’à -15%). «Ce plan est dramatique pour les actionnaires actuels qui vont subir un effet de dilution très important», a pointé Vincent Kaufmann, le directeur d'Ethos. Pour lui, une entrée en bourse de la banque suisse aurait constitué «un signal beaucoup plus fort», évitant aussi la dilution des actionnaires actuels qu’il qualifie de «drastique». Au vu de la valorisation actuelle, la bonne affaire est surtout pour la banque saoudienne qui obtiendra 10% du capital pour «seulement 1,5 milliard».