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Le Nasdaq frôle son record mais reste loin d’une bulle

L’indice symbole de la technologie n’a plus été aussi élevé depuis 2000. Les circonstances ne sont pas les mêmes qu’avant l’explosion de la bulle internet, selon les experts

Le Nasdaq n’est pas le seul parmi les indices phares de Wall Street à frôler ou dépasser des sommets. — © AFP
Le Nasdaq n’est pas le seul parmi les indices phares de Wall Street à frôler ou dépasser des sommets. — © AFP

Le Nasdaq frôle son record mais reste loin d’une bulle

Actions L’indice symbole de la technologie n’a plus été aussi élevé depuis 2000

Les circonstances ne sont pas les mêmes qu’avant l’explosion de la bulle Internet

Pour certains investisseurs, la soirée de lundi a pu avoir un goût de déjà-vu. L’indice Nasdaq Composite des valeurs technologiques américaines a franchi les 5000 points, son plus haut depuis mars 2000. Il y a quinze ans, l’indice s’était maintenu 48 heures au-dessus de ce niveau avant de s’effondrer dans l’explosion de la bulle technologique qui l’avait vu perdre presque 80% de sa valeur. Mardi, comme échaudé par ces souvenirs, le Nasdaq a reculé, mettant fin à une série de dix séances consécutives de hausse.

Au-delà du chiffre symbolique, rares sont les analystes qui craignent que l’histoire ne se répète. Car les circonstances sont complètement différentes. Le contexte déjà: le Nasdaq n’est pas le seul parmi les indices phares de Wall Street à frôler ou dépasser des sommets. «L’indice S&P des 500 plus grandes entreprises américaines a déjà battu des records l’été dernier et continue de le faire», rappelle Samy Chaar, chef économiste chez Lombard Odier. Le Nasdaq a donc un peu de retard par rapport à un marché américain tiré par les injections de liquidité de la Réserve fédérale américaine et par la croissance des bénéfices des entreprises, poursuit l’expert.

Restant prudent, il estime qu’il n’y a pas à s’inquiéter d’une répétition de 2000 car «la technologie reste un secteur solide, loin des valorisations extrêmes de l’époque». Les actions ne sont d’ailleurs plus aussi chères. L’indice valait l’équivalent de 194 fois les bénéfices attendus pour l’année en 2000, alors que ce ratio est retombé à 21,5 fois aujourd’hui, souligne François Savary, le responsable des investissements de la banque Reyl & Cie à Genève. Si ce ratio était resté identique ces quinze dernières années, le Nasdaq devrait en réalité être à 30 000 points, selon Gavin Baker, un gérant de fonds spécialisé dans les nouvelles technologies chez Fidelity, cité par le magazine financier Barron’s.

Hors du top ten il y a quinze ans, Apple a joué un rôle prépondérant dans la remontée du Nasdaq. Alors que l’indice a pris 295% depuis son creux, le fabricant de l’iPhone a vu sa valeur être multipliée par 30. L’action, qui représente 10% de l’indice, n’a cessé de grimper après la crise financière, devenant la plus grande capitalisation du monde – elle a dépassé les 700 milliards au début de l’année –, et elle génère des bénéfices record. Au dernier trimestre de 2014, elle a engrangé un profit de 18 milliards, le plus important jamais réalisé par une entreprise.

Malgré quelques entrées en bourse emblématiques ces derniers mois ou années, comme Facebook ou plus récemment, la plateforme de crédit Lending Club, l’engouement est aussi nettement moindre. Cinquante-trois nouvelles sociétés ont été cotées l’an dernier, contre 371 en 1999 et 261 en 2000, selon Jay Ritter, un professeur de l’Université de Floride, qui gère une base de donnéesdes entrées en bourse. Pour les analystes, c’est le signe que les sociétés montrent davantage de prudence avant de se lancer sur les marchés, notamment en présentant des modèles d’affaires plus solides.

Reste que si la progression peut continuer, elle risque d’être limitée, prévient François Savary: «La Fed pourrait bientôt relever son taux d’intérêt, ce qui aura tendance à freiner la hausse des actions américaines.»

«L’indice S&P des 500 plus grandes sociétés américaines a déjà battu des records l’été dernier»