Non, le Royaume-Uni ne disparaît pas de la carte économique!
Commentaire
Le mouvement de panique est compréhensible. Mais les vraies conséquences économiques du Brexit seront diluées entre après-demain et les deux prochaines années. Un peu de flegme s'impose

Keep calm and slow down... Ce vendredi matin, on frisait pourtant l’hyperventilation. Après le oui au Brexit, les bourses s’effondrent, les devises battent des records vieux de cinq, dix ou même trente ans. Les valeurs refuges – le franc suisse, le dollar, les Bunds allemands, l’or – sont plébiscitées.
La BNS intervient – c’est logique – et elle le communique presque en temps réel – c’est assez exceptionnel. Les vénérables banques centrales du Japon et d’Angleterre sont prêtes à agir pour rassurer et soutenir les marchés à très court terme. A Londres, les traders s’attendent à la journée la plus noire de leur existence. Bref, c’est un mouvement de panique qui gagne le monde de la finance, ce matin.
Du flegme? Il en faudrait un peu plus. Certes, les mouvements sont brusques et des pertes, il y en aura. Mais cela ne devrait pas forcément durer.
Keep calm and slow down
D’abord, parce qu’ils sont nombreux à avoir enregistré des gains, entre le début de la semaine et jeudi soir, alors que le scénario du «Remain» semblait acquis. Ensuite, parce que contrairement au 15 janvier 2015, lorsque la BNS abandonnait le taux plancher, ou au 15 septembre 2008, lorsque Lehman Brothers faisait faillite, les intervenants étaient préparés: un peu partout, des task force ont été organisées, les ordres automatiques étaient déjà placés. La déconvenue des marchés n’en devrait être que plus courte.
Enfin, même si le Brexit fait évidemment craindre d’autres velléités de sortie de l’UE, le Royaume-Uni ne disparait pas de la carte économique. La consommation ne va pas s’effondrer. Le Brexit peut-il empêcher les Britanniques d’acheter des montres et de venir passer des vacances en Suisse? Cela reste à prouver.
Des mois, peut-être des années, de négociations s’ouvrent désormais pour définir les nouveaux contours de la relation commerciale entre Bruxelles et Londres. Pendant cette période, les marchés détesteront les incertitudes. Et il est probable que les clients industriels britanniques des entreprises suisses soient moins enclins à investir dans de nouveaux équipements, tant que le nouveau paradigme ne sera pas officialisé. Ce n’est donc pas demain que les conséquences économiques du Brexit se feront sentir. Elles seront diluées entre après-demain et l’année prochaine, sans doute même la ou les suivantes.
Ce n’est pas une bonne nouvelle. Mais cela laisse le temps de la réflexion stratégique. Une réflexion qui, on ose l’espérer, avait déjà commencé à se développer dans les têtes pensantes de notre économie. Avant le Brexit.
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