Nouveau record pour les actifs de hedge funds
Investissements alternatifs
La performance des fonds de hedge funds se compare avantageusement aux indices d’actions. La concurrence entre les prestataires de hedge funds s’est réellement accrue: une situation qui se répercute également sur les coûts
Nouveau record pour les actifs de hedge funds
Allocation La performance des fonds de hedge funds se compare avantageusement aux indices d’actions. La concurrence entre les prestataires de hedge funds s’est réellement accrue: une situation qui se répercute également sur les coûts
Actuellement, d’innombrables investisseurs ne sont pas à l’aise avec les actions et les obligations. En effet, celles-ci se sont envolées depuis 2009. Rares sont ceux qui ont foi en la poursuite de cette tendance. Concernant les obligations, elles ont entamé un revirement cette année, et les futures failles éventuelles des titres de créances commencent à inquiéter. Dans ce contexte, les placements alternatifs s’imposent, et plus particulièrement les hedge funds, qui dépendent moins des fluctuations de taux et d’actions et qui gèrent explicitement les risques de pertes.
Depuis 2008, les caisses de pension suisses n’ont cessé d’alléger leurs positions en hedge funds, et ce malgré la forte augmentation de la fortune mondiale, qui a atteint un nouveau pic à plus de 3000 milliards de dollars (2000 milliards en juin 2008). De nombreuses caisses de pension ou fondations universitaires américaines investissent de manière substantielle dans les placements alternatifs depuis 25 ans déjà, améliorant ainsi leur performance. L’une des conditions à cet égard est toutefois de disposer de sa propre expertise ou de conseillers proposant un soutien en matière de sélection et de surveillance. Les entreprises de conseil bien établies en Suisse alémanique rejettent quasiment toujours les placements en hedge funds suite aux mauvaises expériences faites avec leurs clients lors de la crise, en 2008. En perdant l’intérêt pour les hedge funds, elles ont également perdu leur compétence en la matière et, par conséquent, déconseillent presque systématiquement ce type de placement. Aujourd’hui, en Suisse, ce sont donc principalement les fournisseurs de FoHF (fund of hedge funds) qui détiennent la compétence de conseil dans le domaine des hedge funds. En outre, les FoHF proposent souvent également des services de conseil et des mandats sur mesure.
Les hedge funds ont eu la vie dure à partir de 2009, si l’on compare leurs rendements à ceux des actions et des obligations. Néanmoins, cette situation n’a rien d’étonnant. Tant les actions que les obligations ont connu des phases de boom extrêmes en termes historiques au cours de ces cinq dernières années en réponse aux politiques monétaires accommodantes. Est venu s’ajouter à cela le fait que les marchés se sont laissé mener par des décisions politiques, entravant (voire empêchant) ainsi les stratégies de négoce et d’arbitrage des hedge funds. Depuis un an, la situation a changé. En effet, les hedge funds, dont les rendements se sont situés à environ 6% au cours des douze derniers mois, ont repris la tête face aux actions et aux obligations mondiales.
Le tableau est encore plus clair lorsqu’on compare les fonds en actions Long/Short avec les indices d’actions ou les fonds Fixed Income Arbitrage avec les indices d’obligations. Avec un gain de 7,6%, les fonds en actions ont dépassé les indices d’actions mondiales de 4,2% au cours des douze derniers mois (CS Hedge Fund Indices). Quant aux fonds Fixed Income Arbitrage, ils ont devancé les obligations mondiales d’un impressionnant 10% grâce à un rendement de 2,3%.
A noter que les fonds Fixed Income Arbitrage ont généré des rendements largement supérieurs à ceux des obligations d’Etat tout au long de ces cinq dernières années (6,5% contre 1,4%). Ces écarts apparaissent encore plus nettement si l’on compare la performance non pas aux rendements, mais en relation avec des mesures ajustées au risque, telles que le ratio de Sharpe, et ce parce que les hedge funds ne présentent, d’une manière générale, que très peu de volatilité.
Au final, ce sont les prévisions de rendement qui sont importantes pour les décisions des investisseurs. A cet égard, rares sont ceux qui pensent que les actions vont continuer de dégager des rendements aussi élevés que ces cinq dernières années (à bien plus de 10%). Pour ce qui est des obligations, l’avenir semble évidemment morne, car les taux d’intérêt ne recèlent quasiment aucun potentiel de recul, bien au contraire, ils devraient progresser. Dans un tel contexte, il va de soi que des alternatives aux actions et aux obligations s’imposent.
Une analyse approfondie révèle que l’environnement était favorable aux hedge funds durant les douze derniers mois. En collaboration avec hedgegate, la ZHAW se base sur un modèle à 17 facteurs pour expliquer les rendements des FoHF, qui représentent bien l’univers à cet égard. A noter que les actions ont été le plus grand vecteur de performance. D’une part, les rendements des actions mondiales ont atteint quelque 5% et, d’autre part, les marchés émergents ont nettement surperformé, générant ainsi des revenus supplémentaires pour de nombreux hedge funds. Les actions «Value» se sont moins bien comportées que leurs homologues «Growth», ce qui s’est répercuté de manière positive sur la moyenne étant donné que les hedge funds détenaient, en tendance, davantage d’actions «Growth». Du côté des obligations, aucun moteur n’est clairement ressorti, car les hedge funds étaient positionnés de manière neutre par rapport aux rendements des obligations d’Etat et d’entreprises.
Outre les 17 facteurs liés au marché, qui expliquent bien 70% des rendements de l’indice FoHF, l’estimation de l’alpha est également à nouveau positive depuis 2013. Par conséquent, les hedge funds apportent une plus-value grâce à leurs capacités spécifiques ou à la détention de positions illiquides, et ce indépendamment de l’évolution des actions, des obligations, des crédits ou des marchés des matières premières.
Beaucoup d’investisseurs suisses ont fait de mauvaises expériences avec les hedge funds lors de la crise financière de 2008, car ils avaient procédé à des placements dans des FoHF, qui ont été particulièrement affectés par l’affaire Madoff. Dans les faits, certains FoHF ont souffert durant plusieurs années (jusqu’en 2012) d’une pression vendeur ainsi que de positions illiquides dont ils ne pouvaient se défaire, mettant ainsi à mal la maniabilité des fonds. Pour de nombreux FoHF la crise n’a donc réellement éclaté qu’après plusieurs années: pendant ce temps, le secteur des FoHF s’est consolidé, et les produits ont été constamment réinventés.
Les grands prestataires ont donc mieux réussi à s’imposer que les boutiques, parmi lesquelles beaucoup ont adapté leurs activités. Les FoHF concentrés sur les actions ou les obligations ainsi que les FoHF thématiques sont aujourd’hui bien plus demandés que les fonds multistratégie. De nombreux gestionnaires de FoHF ne s’en tiennent désormais plus à la simple sélection de hedge funds fructueux mais cherchent également à offrir une plus-value au moyen d’une allocation active des styles de placement en hedge funds ou par le biais d’«overlays», et ce en vue de tenir compte des fluctuations de l’environnement de marché.
La concurrence entre les prestataires de hedge funds s’est réellement accrue: une situation qui se répercute également sur les coûts. Les grands FoHF savent tirer parti de la marge de manœuvre des gestionnaires de hedge funds. Ils reçoivent des réductions importantes sur les frais fixes ainsi que sur ceux liés à la performance de leurs gestionnaires et compensent ainsi le désavantage des FoHF, à savoir les frais supplémentaires au niveau des FoHF, qui diminuent les rendements nets pour l’investisseur. Depuis 2013, les FoHF ont effectivement généré des frais même un plus élevés que les hedge funds sous-jacents (selon HFRI). Les réductions sur les frais expliquent une partie de cette différence. Les bons résultats obtenus depuis peu par les FoHF sont aussi attribuables aux activités à valeur ajoutée au moment de la sélection, à l’allocation tactique d’actifs ou aux «overlays». Enfin, la consolidation des prestataires et des produits y a également contribué.
* ZHAW Haute Ecole zurichoisedes sciences appliquées,Centre Asset Management
Les grands prestataires ont donc mieux réussi à s’imposer que les boutiques, lesquelles ont dû se réorganiser
Rares sont ceux qui pensent que les actions vont continuer à offrir des rendements aussi élevés que ces cinq dernières années