Le ministre français des Finances se veut optimiste quant à son application aux actions
Michel Sapin prévoit la semaine prochaine, à Bruxelles, une avancée «décisive» sur la taxation des transactions financières. «Le 6 mai, nous allons marquer la première étape» de ce projet, a assuré le ministre des Finances et des comptes publics, invité mercredi de l’émission Questions d’info sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP.
La taxation des transactions financières, dite «taxe Tobin», est un vrai serpent de mer. L’idée avait été suggérée en 1972 par le lauréat du Prix Nobel d’économie, James Tobin, pour limiter la volatilité des taux de change. Elle avait été relancée par Nicolas Sarkozy après la crise de 2008.
Son principe a été décidé par le Parlement européen en 2010, puis repris à son compte par la Commission européenne un an plus tard. Mais il a fallu attendre janvier 2013 pour qu’une majorité qualifiée d’Etats membres en accepte le principe. La Grande-Bretagne, farouchement hostile au projet, a alors déposé un recours devant la Cour de justice de l’Union européenne, qui a été rejeté mercredi.
«Le serpent est en train de sortir de la mer, a assuré Michel Sapin. Le 6 mai prochain, je proposerai avec d’autres grands pays européens, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, que nous franchissions une étape décisive dans la mise en œuvre de cette taxe.»
Dans un premier temps, les onze Etats participant au projet (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Estonie, France, Grèce, Italie, Portugal, Slovaquie et Slovénie) devraient s’engager à taxer les échanges portant sur les actions. Le projet de la Commission évoque un taux de 0,1%. La taxe pourrait s’appliquer dès 2014.
«D’ici à la fin de l’année, il faudra travailler à une deuxième étape sur d’autres outils financiers, comme les produits dérivés, qui eux-mêmes présentent des inconvénients s’ils ne sont pas régulés», a précisé Michel Sapin.
Pour le ministre des Finances, il est en effet «très important, au moment où la croissance repart, d’éviter la spéculation et de contenir la «finance folle» qui ne s’occupe que d’elle-même. Tout ce qui permet de réguler, de ralentir des mécanismes de transactions qui sont fous est bienvenu. La taxe sur les transactions financières en fait partie».
La taxe devrait être prélevée au niveau de chacun des pays, comme c’est déjà le cas en France, mais son produit pourrait contribuer au financement «de grands travaux européens», a précisé Michel Sapin. Récusant les risques de déflation en Europe, le ministre des Finances a cependant vigoureusement plaidé pour un assouplissement de la politique monétaire européenne, en jugeant positives les récentes prises de position de Mario Draghi. «Quand la Banque centrale européenne se préoccupe de la valeur de l’euro, elle reconnaît qu’il y a un problème, que le niveau de l’inflation est trop faible», s’est-il réjoui.
Alors qu’Alstom est entré en négociations avec le groupe américain General Electric pour la vente de sa branche énergie, Michel Sapin a déclaré que le gouvernement «n’avait pas juridiquement de veto» à mettre, car «cette entreprise est 100% privée». Mais il a invoqué les «intérêts fondamentaux de la France» en citant: l’emploi, la conservation et l’amplification des centres de recherche et de décision* et les questions stratégiques liées à l’énergie.
«Nous travaillons avec des entreprises qui dépendent considérablement de la commande publique. C’est par ce biais qu’existent des capacités d’influence», a-t-il conclu.
Il est en effet «très important, au moment où la croissance repart, d’éviter la spéculation»