La dette publique des Etats-Unis se rapproche dangereusement de son plafond, fixé à 18 100 milliards de dollars (environ 17 420 milliards de francs), au-delà duquel l’État fédéral ne peut plus s’endetter sans l’aval du Congrès. Et donc payer les factures.

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Début octobre, le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew a tiré la sonnette d’alarme: à partir du 5 novembre, faute d’un accord entre les représentants républicains (majoritaires) et démocrates pour relever ce plafond, les Etats-Unis ne pourront plus honorer leurs échéances au vu des recettes et des dépenses actuelles. La semaine dernière, c’est le porte-parole de la Maison Blanche qui en a appelé au bon sens des représentants de chaque bord pour valider un rehaussement et «ne pas faire usage de la politique de la corde raide».

Tout le monde garde en mémoire le fiasco de l’été 2011 lorsque, pour les mêmes raisons, le AAA adossé à la dette américaine lui avait été retiré par l’agence de notation Standard & Poor’s. Pire, tout le monde se souvient aussi qu’en octobre 2013, une partie du gouvernement avait été contraint de fermer ses portes durant plus de deux semaines faute d’argent («shutdown») et d’accord bipartisan.

Suite à cet épisode, le plafond de la dette américaine avait été suspendu. Mais cette suspension n’était que temporaire et elle a été levée au mois de mars dernier. Depuis, le gouvernement n’a fait que recourir à une série de «mesures exceptionnelles» pour repousser l’échéance.

La démission surprise, fin septembre, du président de la Chambre des représentants au Congrès, le Républicain John Boehner, avait redonné espoirs aux partisans d’un accord. Mais c’était sans compter sur les membres du Tea Party au Congrès qui ont poussé Kevin McCarthy, pressenti pour lui succéder fin octobre, à se retirer de la course, jeudi à la surprise générale. Les négociations budgétaires s’annoncent donc plus compliquées que prévu, les ultraconservateurs considérant les autres Républicains comme étant à la solde de Barack Obama.

Pourtant, et alors que l’échéance approche à grand pas, les analystes ne semblent pas s’en inquiéter outre mesure. «Il est vrai que cette problématique pourrait créer un peu de volatilité sur le marché si aucune solution n’est trouvée d’ici quelques semaines, souligne Olivier Arpin, analyste à l’UBP. Mais pour l’instant, l’hypothèse la plus probable est que, comme d’habitude, une solution sera trouvée «juste à temps», probablement sous la forme d’une extension temporaire du plafond de la dette. Même si, comme toujours, on ne peut exclure que tout cela se passe mal.»

Même avis du côté de JPMorgan. «La dette américaine, dont les rendements sont de 2,11% aujourd’hui à 10 ans, restera très attractive aux yeux des investisseurs, notamment en Europe, prédit Vincent Juvyns, stratégiste au sein de la banque américaine. D’autant plus qu’ils pourraient s’élever bientôt à 2,5% en cas d’une hausse des taux de la Fed.» Une chose est sûre: les Etats-Unis n’auront pas de peine à s’endetter à l’avenir. Pour autant qu’ils en aient le droit.