Encore un coup dur pour l’euro. Après la victoire du non au référendum constitutionnel italien et l’annonce de la démission du chef du gouvernement Matteo Renzi, la monnaie unique a souffert. Lundi matin, elle a touché son plus bas niveau depuis dix-huit mois, à 1,0460 dollar. La dernière fois qu’elle était tombée si bas, c’était en mars 2015. Et c’était la première fois depuis douze ans.

Si l’euro tremble à nouveau sur ses bases, c’est surtout parce que le départ de Matteo Renzi ouvre la voie au Mouvement 5 étoiles, le parti populiste, anti-système, et anti-européen, qui ambitionne ouvertement de prendre le pouvoir à Rome.

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Trois élections à affronter

Depuis son plus haut de l’année, début mai, l’euro a reculé de presque 8%. Pas de grande crise existentielle, mais une fatigue européenne, face à la montée du populisme et des logiques souverainistes. La victoire écologiste de ce week-end en Autriche lui accorde certes un répit, mais à moyen terme, en 2017, la monnaie unique – la zone euro – va affronter les résultats d’élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. Trois pays dans lesquels une victoire de l’extrême droite n’est pas illusoire.

En Italie, la perspective d’un «Italexit» (ou "Exitaly") est toutefois encore lointaine. Le risque d’une sortie de l’Italie de la zone euro peut même être écarté, affirme Edmond de Rothschild Asset Management, dans une note publiée lundi. L’euro s’est d’ailleurs rapidement repris dans la journée, dépassant même 1,07 dollar (et 1,08 franc). «Les dégâts ont été bien contenus, surtout quand on pense à ce que ce vote pourrait impliquer pour la zone euro», observait Craig Erlam, un analyste d’Oanda, cité par l’AFP.

Réunis à Bruxelles lundi, les ministres des Finances européens ont d’ailleurs joué l’apaisement. L’un soulignant l’absence de panique sur les marchés, l’autre insistant sur l’attachement de l’Italie à la construction européenne.

La BCE comme un rempart

Mais si les marchés ont fait preuve de retenue, ce n’est pas parce qu’ils ne s’inquiètent pas pour l’avenir de l’euro. C’est plutôt, selon les analystes, parce que la défaite de Matteo Renzi n’est pas une surprise. Elle avait déjà été intégrée par le marché des changes, contrairement aux victoires du Brexit et de Donald Trump.

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Ensuite, parce que les opérateurs s’attendent à une réponse dès ce jeudi. La Banque centrale européenne (BCE) devrait montrer sa volonté de réparer les fissures nationalistes dans la construction européenne et la zone euro en particulier. Pour Philippe Waechter, de Natixis Asset Management, cela ne fait aucun doute: «Elle annoncera un prolongement de son QE (plan d’assouplissement quantitatif) au-delà de mars 2017, dans le prolongement de ce qui a été dit la semaine dernière par les officiels de la BCE.»