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Au premier plan. Dollar électoral

Au premier plan.

Le dollar fort, image de marque des Etats-Unis, a toujours eu la préférence de Washington. Son rebond actuel est conforme aux intérêts américains immédiats, car il offre un soutien préélectoral bienvenu, en facilitant le travail de la Réserve fédérale au chevet de l'économie et des marchés financiers. Son rally apaise les tensions inflationnistes qui pouvaient remettre en cause la politique de taux d'intérêt bas de la banque centrale.

Le problème est qu'au plan économique, son renforcement ne repose sur rien de fondamental. Il contredit tous les indicateurs américains, à commencer par la récession qui frappe les secteurs immobilier, financier et bientôt de la consommation. Cela explique la surprise des investisseurs face au gain du billet vert de 8% face à l'euro, qui interrompt une phase baissière en place depuis 2001.

Ce grand retour du dollar repose, en réalité, sur un facteur volatil et fort difficile à contrôler: le pétrole, et sa corrélation inversée, presque parfaite (de 0,9) avec la monnaie américaine. Ce phénomène est devenu très net depuis 2006, quand les pétrodollars ont commencé à se recycler davantage en euros, cassant la corrélation positive entre cours élevés du baril et du «greenback». Désormais, la détente de l'or noir liée au ralentissement de l'économie mondiale profite directement au billet vert, en comblant automatiquement le trou du déficit courant américain, et en suggérant que le différentiel de taux entre la Fed et la BCE se réduira au profit du dollar.

Un dollar fort est une préférence légitime car c'est le seul moyen de contenir la flambée du pétrole. Mais il ne reflète pas la réalité économique américaine.