La valeur du baril a continué d’accompagner le reflux des tensions autour de la question syrienne, lundi. Le vote des parlementaires britanniques – opposés à des frappes sur Damas – puis la décision de la Maison-Blanche de s’en remettre au Congrès ont ramené le cours du brut sous les 114 dollars hier après-midi à Londres. Soit 3% de moins qu’en milieu de semaine dernière. La menace d’une intervention militaire avait alors propulsé le baril à plus de 117 dollars, son plus haut depuis février.

«Rythmés par les unes alarmistes des journaux et les déclarations sur la Syrie, les avertissements quant à une envolée du pétrole se sont multipliés; ces craintes sont exagérées», estime l’équipe d’analystes d’Adam Longson, chez Morgan Stanley.

Convoquant les différentes crises ayant secoué le Moyen-Orient depuis les années 70, ces derniers rappellent que leurs effets sont temporaires, à moins que la production ne soit touchée. «L’embargo pétrolier [de 1973], la révolution iranienne et la guerre Iran-Irak sont les seuls événements à la suite desquels les cours du brut n’étaient pas revenus à leur niveau de départ six mois plus tard», rappellent les spécialistes londoniens. Si la production syrienne reste marginale, le conflit met face à face l’Arabie saoudite et l’Iran, deux piliers du cartel pétrolier de l’OPEP.

Surtout, une autre menace maintient les prix mondiaux sous tension cet été: l’interruption du chargement des supertankers en Libye, après le passage de la production «à moins de 100 000 barils par jour», indiquait hier l’AFP, citant un membre de la Commission de l’énergie de l’Assemblée nationale française. Ce blocage est lié au conflit ouvert entre le gouvernement et un groupe de gardes des installations pétrolières. La faiblesse de la production rappelle la situation du printemps 2011, en pleine révolution contre le régime de Kadhafi. Et force le pays à importer du mazout pour ses centrales électriques.

Pour l’instant, le coup de chaud ne s’est pas propagé aux carburants européens. En Suisse, le litre de super reste proche du 1,79 franc constaté en juillet par l’Union pétrolière. «La remontée du brut est simplement encaissée par les raffineurs en Europe», signalent les experts de Morgan Stanley. Une attitude qui fait écho aux incertitudes entourant la conjoncture, autre facteur clé sans lequel le pétrole ne peut remonter.

Rappelant la révolution de 2011, la production libyenne est passée sous les 100 000 barils par jour