Quant à la scène des hedge funds, elle est très riche en Asie avec 1200 hedge funds si l'on compte le Japon. 65% d'entre eux se concentrent sur la stratégie actions long/short.
En 2007, 157 nouveaux hedge funds ont été lancés en Asie (94 fermés) et, en 2008, 69 nouveaux (87 fermés). Le nombre de fonds qui fermera sera modeste (10-15%), essentiellement des petits, selon la gérante. Le phénomène de diminution du levier est moins marqué que dans d'autres régions.
Le développement de cette industrie accompagne bien sûr celui du marché des capitaux. Quant à l'interdiction du short selling (vente à découvert), elle s'est limitée à Taïwan et à l'Australie. La Chine a par contre annoncé qu'elle allait autoriser le short selling sur les actions.
Dans sa stratégie, qui comporte 18 hedge funds en portefeuille, il y a 18 mois, Jennifer Carver comptait beaucoup de hedge funds «long» en actions. Cette année elle a augmenté l'exposition à des gérants long/short très actifs, très flexibles, ainsi que des traders spécialisés dans l'arbitrage et le crédit «distressed». Le long/short représente 31% du portefeuille de 22 millions de dollars du fonds, l'arbitrage 28%, les «multistratégies» 13%.
Certains fonds tirent très bien leur épingle du jeu malgré le climat détestable: l'un des fonds long/short au sein du portefeuille gagne 20% cette année. Mais le bilan temporaire est négatif, avec un rendement négatif de 15% à fin septembre. La performance est bonne dans l'arbitrage de crédit et le «distressed credit» (crédit en défaut). En octobre, la baisse est relativement limitée (-3%). Elle aurait été meilleure sans le rebond, car bien des gérants étaient «short».
Les meilleures opportunités semblent se situer dans les obligations convertibles. Jennifer Carver cite un emprunt convertible d'une entreprise chinoise soutenue par l'Etat qui se traite à un rendement à l'échéance de 30%... «Et il y en a bien d'autres», selon la gérante. Dans la catégorie «event driven», Jennifer Carver aime bien le Japon. Beaucoup d'entreprises disposent d'abondantes liquidités et attendent le bon moment pour lancer une offre d'achat.
Comme le marché asiatique est moins développé, la taille des fonds est moindre que dans les grandes capitales occidentales, également en nombre de gérants. Il a donc moins souffert. La région dispose de nombreux talents dans la découverte de sociétés très bon marché. Ces fonds «value» devraient décoller dès que la reprise se dessinera, selon l'experte.
Parmi les marchés où le fonds n'est pas du tout exposé, on trouve le Vietnam, le Pakistan, et il ne compte qu'un fonds d'arbitrage statistique en Inde, après avoir été plus nettement présent dans ce pays.
Jennifer Carver ne promet pas de ne jamais perdre d'argent ou de gagner 20% par an, une tâche impossible durant la pire crise d'après-guerre, mais de mieux résister que les actifs traditionnels. Sur des bourses asiatiques en baisse de 50% environ, le fonds cède 15%. Si l'économie se stabilise, les bourses vont nettement se reprendre, selon la gérante. Fin octobre, Hongkong se traitait en dessous de la valeur des fonds propres, une situation qui ne peut durer éternellement. Deux pistes intéressantes, particulièrement en Chine, pourraient être les sociétés liées aux infrastructures et à la consommation. Il faut aller au-delà des titres de journaux sur le climat de pessimisme et rester attentif à toute l'information, explique Jennifer Carver. Soho, une communauté internet, déclare par exemple qu'elle va doubler ses ventes. Ou le communiqué d'une société du commerce de détail qui prévoit une hausse de 72% des ventes, avant le paquet de relance. Le problème est davantage lié au sentiment qu'à la réalité.