Les actions forment une classe d’actifs risquée. C’était déjà le cas bien avant l’avènement de la crise financière de 2007. Les actions émergentes en particulier, qui ont aujourd’hui leur place dans tout portefeuille bien diversifié, se distinguent par des gains spectaculaires, mais aussi par de sévères corrections. Et pourtant, les investisseurs qui recherchent un rendement attrayant à long terme ne peuvent guère éviter ces titres. C’est pourquoi, dans un contexte de marchés volatils, cette classe d’actifs exige un concept d’investissement qui allie des revenus intéressants avec une protection contre d’éventuels revers. Les fonds de placement qui investissent dans les actions non volatiles dites stables sont particulièrement appropriés.
Les actions stables sont des titres d’entreprises qui ont affiché durant plusieurs années consécutives une stabilité de leurs bénéfices, de leurs dividendes ainsi que de leur cash-flow. Elles ont prouvé cette capacité par le passé, mais doivent également montrer qu’elles pourront très probablement maintenir cette constance à l’avenir. Une stabilité élevée de ces indicateurs contribue à atténuer la volatilité du cours de ces actions. Souvent, ces titres indiquent un bêta comparativement faible. Le coefficient bêta éclaire sur la sensibilité d’une action à l’égard des variations du marché global.
Par définition, le bêta du marché se situe à 1. En conséquence, une action avec un bêta de 1 évolue parallèlement au marché. Un bêta inférieur à 1 laisse augurer que le titre n’est pas très sensible aux fluctuations du marché. Lorsque l’indice cède 10%, le cours d’une action avec un bêta de 0,5 ne chute que de 5%. Elle est donc plus robuste face aux reculs des cours, mais elle reste à la traîne en cas de forte hausse des cours dans le marché global. A moyen terme, ces titres atteignent la même performance que le marché global, mais avec une volatilité moindre, d’un tiers environ. En outre, les actions stables se distinguent par un fort rendement de dividende.
Les actions stables sont souvent considérées comme ennuyeuses, et elles n’attirent guère l’attention des investisseurs et des médias. Car, plus une action se trouve au centre de l’intérêt général, plus sa progression subit de hauts et de bas. Et pourtant, l’investisseur préfère se concentrer sur des «favorites», telles que les actions d’entreprises actives dans les nouvelles technologies, ou offrant des produits exceptionnellement prometteurs en termes de bénéfices futurs.
Quant aux secteurs présentant des rendements stables, ils comprennent l’industrie des biens de consommation, la santé, les branches de l’énergie, des TIC et des télécommunications, où la demande évolue comparativement peu, même en cas de variations du cycle conjoncturel. Ou alors, il s’agit d’entreprises actives dans des marchés partiellement protégés, ou qui occupent une position dominante sur leur segment de marché.
Dans les pays industrialisés, les actions stables des secteurs susmentionnés sont nombreuses.
Nous citerons Novartis et Pfizer, Exxon Mobil et Chevron, Johnson & Johnson et Tesco, ainsi que Microsoft et Google. Dans les pays émergents également, de plus en plus d’entreprises sont qualifiées d’«ennuyeuses», comme le groupe énergétique Gazprom, les entreprises de télécommunications Telkom Indonesia et China Mobile, ou les entreprises de biens de consommation Steinhoff et Hyundai Department Store.
A long terme, comparativement aux obligations, pour l’heure surévaluées, les actions feront partie des gagnantes. En outre, l’évaluation modérée en comparaison historique parle plutôt en faveur du marché des actions. Une vaste diversification globale et une focalisation sur les actions stables permettent d’abaisser la volatilité et le risque de pertes. Pour les investisseurs qui ne veulent pas renoncer au potentiel de rendement des actions, un portefeuille contenant des actions stables est un choix relativement sûr.
* Directeur de Nordea, Genève
Nous citerons Novartis et Pfizer, Exxon Mobil et Chevron, Johnson & Johnson et Tesco