Les cours des matières premières ont réagi de manière caricaturale. En quatre jours, le pétrole, qui avait tutoyé les 120 dollars, a vu son prix de dégonfler de plus de 5% à 112,52 dollars. L'once d'or a plongé de 4,2% à 853 dollars. Sur la seule journée de jeudi, le prix du cuivre a basculé de 3,8%, le soja perdant plus de 3%, le cacao dévissant de 5,7%, le coton de près de 3%. En moyenne, l'indice général du prix des ressources naturelles UBS Bloomberg a ainsi perdu plus de 4% entre lundi et jeudi. Et si la plupart de ces matières premières ont vu leurs prix se stabiliser vendredi - le pétrole est remonté vers 116 dollars -, la secousse de jeudi n'en a pas moins été violente.
Les spécialistes continuent de s'opposer à cette explication - simpliste, à leurs yeux - liant la hausse des matières premières à la dépréciation du dollar ou à l'afflux des fonds d'investissement.
L'illusion du dollar
Ceux de Barclays Capital parlent d'une «illusion du dollar», pointant que «même exprimées dans d'autres devises, l'appréciation des commodités a été significative». Pour ces derniers, la raison de la hausse est toujours à chercher dans «le manque d'investissement dans de nouvelles sources de production, qui ne permet pas aux approvisionnements mondiaux de réagir à la demande frénétique de géants comme l'Inde et la Chine». Economiste au sein de Goldman Sachs, Jens Nording va plus loin. Selon lui, le simple phénomène comptable expliquant que le pétrole - qui s'échange en dollars - monte quand le billet vert se déprécie n'expliquerait en réalité pas plus du dixième de la corrélation. La relation serait même inverse: selon ses calculs, c'est l'envolée du pétrole qui nourrirait la faiblesse du dollar! L'interruption brutale de la hausse des matières premières, juste après la décision de la Fed, donne cependant l'impression du contraire.