Rumeurs de rachat? Une «question stupide», selon le patron de Credit Suisse
Banque
L’américain State Street serait intéressé par l’acquisition de la banque suisse en difficulté. De quoi faire bondir l’action de Credit Suisse en fin de journée mercredi et chuter celle de la société de gestion. Les analystes jugent le rapprochement peu probable

L’allocution de Thomas Gottstein ce jeudi était attendue avec plus d’impatience que prévu. Le directeur général de Credit Suisse devait s’exprimer lors d’une conférence organisée à Rome par la banque américaine Goldman Sachs. Mais les questions ont moins porté sur le nouvel avertissement sur les résultats qui a déçu les investisseurs mercredi. Plutôt sur une rumeur qui a fait rebondir l’action en fin de journée.
D’après le blog financier InsideParadeplatz, la banque suisse, secouée par des affaires depuis plusieurs mois, pourrait faire l’objet d’une offre de rachat par le géant de la gestion d’actifs américain State Street. Ce dernier, avance encore le site qui cite une source anonyme, pourrait proposer 9 francs par action (6,70 francs au cours actuel, en chute de 3,7% ce matin).
«Nous ne commentons jamais les rumeurs, a répondu Thomas Gottstein, interrogé à ce sujet. Mon père m’a un jour donné un conseil: pour les questions vraiment stupides, il vaut mieux ne pas faire de commentaires du tout. Dans ce cas, je vais suivre le conseil de mon père.»
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Coté à New York, State Street, qui n’a pas commenté l’information, a perdu plus de 5% hier. Gérant 4000 milliards de dollars et comptant plus de 40 000 milliards de fonds administrés ou en dépôt, le groupe basé à Boston compte quelque 40 000 employés, contre un peu plus de 50 000 pour Credit Suisse. Sa valorisation en bourse atteint un peu plus de 25 milliards de dollars, contre 18,5 milliards de francs pour Credit Suisse (environ 19 milliards de dollars). Cette dernière deviendrait une filiale du groupe américain et se concentrerait sur la gestion de fortune et les activités en Suisse. Le futur de la banque d’affaires serait encore à discuter.
Analystes sceptiques
Le rapprochement est néanmoins vu comme peu probable, selon la plupart des analystes. «Je reste sceptique et je crois que Credit Suisse doit résoudre ses problèmes et regagner la confiance des parties prenantes ces prochaines années», a estimé Andreas Venditti, analyste de Vontobel dans une note jeudi matin.
D’après plusieurs experts cités par Bloomberg, une autre transaction serait envisageable: céder la gestion d’actifs de Credit Suisse à State Street, qui pourrait vouloir continuer à grandir par acquisition. L’an dernier, Credit Suisse avait envisagé d’en faire une entité séparée de la banque mais y avait ensuite renoncé. Elle fait partie des quatre divisions clés de la banque, a répété Thomas Gottstein jeudi.
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Mercredi, la banque suisse a prévenu qu’une perte serait probable au deuxième trimestre. C’est le troisième avertissement sur les résultats consécutifs de l’établissement qui accumule les difficultés. Son titre a perdu la moitié de sa valeur depuis les scandales Greensill et Archegos au début 2021. Ce n’est pas la première fois que Credit Suisse fait l’objet de rumeurs de rachat ou de fusion. Plusieurs noms ont déjà circulé, notamment UBS. Il y aurait eu un projet de rapprochement entre les deux géants suisses en 2020.
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