Bourses
Circulant depuis plusieurs mois, la rumeur semble se confirmer. Reuters annonce une cotation à l’automne. La société zurichoise ne confirme pas, mais ne cache pas son ambition

Sans défaut apparent, maître en communication, doté d’une ambition sans limite. En se penchant sur On Running, l’entreprise zurichoise dans laquelle Roger Federer a investi en 2019 une somme non publiée, on constate très vite que le champion de tennis suisse semble avoir trouvé son alter ego économique. En surface, le modèle développé par la société zurichoise paraît exemplaire.
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Selon David Allemann et Caspar Coppetti, cofondateurs de la start-up, le sport fait ainsi partie du temps de travail, le bilan écologique de chaque chaussure est connu et les bonus sont partagés de manière équitable entre les 800 employés de la société fondée en 2010 (dans un garage, évidemment, en l’occurrence à Zollikofen).
Performance secrète
Huit cents employés, dont la moitié en Suisse. Dans une longue interview accordée il y a une semaine à la Neue Zürcher Zeitung, les deux dirigeants signalaient que «les effectifs doublaient tous les 18 mois». L’indication témoigne de la croissance fulgurante que le fabricant de chaussures et de vêtements de sport a connue ces dernières années. Il s’agit toutefois de la seule information économique que les deux hommes ont consenti à livrer sur la performance d’On Running, qui distribue ses produits dans une cinquantaine de pays via 6500 détaillants.
Nous ne sommes pas en compétition pour finir deuxièmes. Est-ce que cela sonne prétentieux?
La société pourrait être très vite appelée à faire œuvre de transparence. Selon l’agence d’informations financières Reuters, elle serait sur le point d’annoncer son entrée en bourse. Pressentie depuis plusieurs mois, l’opération n’a pas été confirmée par la principale intéressée. Sollicité par Bloomberg, son porte-parole s’est borné à signaler que les affaires s’étaient développées très favorablement ces derniers mois en raison du «besoin éprouvé par les gens d’être actifs à l’air libre après des mois de restrictions».
Une communication soigneusement rodée
Depuis l’été dernier, des rumeurs insistantes laissaient déjà présager une arrivée d’On Running sur les marchés publics. Dans leur entretien avec la NZZ, il y a une semaine, les dirigeants de l’entreprise n’y faisaient pas allusion, mais ne laissaient planer aucun doute sur leurs ambitions, déclarant: «Nous ne sommes pas en compétition pour finir deuxièmes», avant d’ajouter: «Est-ce que cela sonne prétentieux?»
Il faut dire que la compétition, les géniteurs d’On Running connaissent. Olivier Bernhard est un ancien biathlète d’élite, tandis que David Allemann est un sportif accompli. Les deux amis se sont adjoint les compétences de l’économiste Caspar Coppetti. L’idée de lancer leur entreprise serait née à l’occasion d’une course à pied. Une anecdote qui témoigne du narratif soigneusement construit qui caractérise la marque.
L’arrivée de Roger Federer dans son capital l’illustre parfaitement. Plutôt que de se contenter d’utiliser l’image du sportif aux 20 trophées du Grand Chelem, comme ont tendance à le faire leurs concurrents directs Adidas et Nike, c’est son implication dans l’entreprise qui est valorisée. Les images de la star du tennis mondial et des entrepreneurs qui circulent distillent un savant mélange d’audace, de classe et d’esprit de conquête.
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Pour laisser ces ingrédients s’épanouir, On Running pourrait bien opter pour une cotation aux Etats-Unis. Selon Reuters, la décision n’est pas encore arrêtée, mais cette voie ferait partie des scénarios envisagés.
Entre 4 et 6 millards de dollars
Si elle se concrétise, il s’agirait d’un nouveau désaveu pour les places européennes, à commencer par Zurich, qui n’a plus vu une start-up opter pour elle depuis 2019. Il y a dix jours, la biotech Molecular Partners annonçait, elle, son intention d’ouvrir son capital sur le Nasdaq. La société est déjà cotée à Zurich.
Jugé beaucoup plus liquide, le marché américain permet de faire des levées de fonds considérables. Selon Reuters, la valorisation d’On Running pourrait atteindre entre 4 et 6 milliards de dollars. Lors de son dernier tour de financement, l’entreprise, qui appartient notamment au fonds de capital-risque américain Stripes, avait été évaluée à 2 milliards de dollars.
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