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Dans son communiqué publié vendredi, la Banque nationale avance plusieurs explications. Tout d’abord la hausse du cours de l’or, dont la BNS détient 1040 tonnes, a généré une plus-value de 7,6 milliards de francs sur les six derniers mois. Les positions en monnaies étrangères ont quant à elles rapporté 13 milliards de francs tandis que les positions en francs ont permis à l’institution d’engranger 868 millions de francs, dont 692 millions proviennent des taux d’intérêt négatifs prélevés sur les avoirs en comptes de virement.
L’institution monétaire souligne toutefois, comme à son habitude, qu’il est difficile de tirer des déductions d’un résultat qui «dépend principalement de l’évolution sur les marchés de l’or, des changes et des capitaux. C’est pourquoi de fortes fluctuations sont la règle», indique-t-elle.
«Bonne surprise»
«Quelle bonne surprise, se félicite néanmoins Karsten Junius, chef économiste de Safra Sarasin. Alors que nous nous étions habitués à ce que les positions en devises étrangères et en or de la BNS contribuent de manière négative à ses résultats, voilà que c’est maintenant l’inverse. Ce coussin supplémentaire est rassurant pour la BNS qui pourrait bien en avoir besoin en ces temps politiquement et économiquement volatils.»
Pour Dominik Studer, économiste chez UBS, ces résultats doivent beaucoup aux taux d’intérêt qui ont de nouveau diminué ces derniers mois (notamment aux Etats-Unis et en Europe). «Les prix des obligations évoluent inversement à la courbe des taux intérêt, rappelle-t-il. Du coup, le portefeuille obligataire de la BNS a pris passablement de valeur.» Le gain s’élève à 10,3 milliards de francs pour être précis sur le premier semestre, selon la BNS. Dont 4,1 milliards pour les seuls produits d’intérêt (paiements de coupons).
Autre contributeur au résultat positif de la BNS: son portefeuille en monnaies étrangères. Si l’euro – qui représente 41% des réserves en devises – s’est affaibli ces trois derniers mois, l’appréciation du dollar (34% des réserves) a en grande partie compensé cette baisse. Surtout, c’est la position en yens – 8% des réserves – qui a gagné plus de 10% sur la période, souligne l’économiste d’UBS.
Brexit sans effets
Mieux encore: le Brexit n’a pas entraîné la ruée vers le franc que certains craignaient. «La BNS n’a pas eu besoin d’intervenir trop fortement à la suite du vote britannique, observe Dominik Studer. Son intervention n’a ainsi pas dépassé 15 milliards de francs environ au mois de juin alors que dans les semaines qui avaient précédé l’abandon du taux plancher, elle avait dû acheter des devises étrangères pour 15 ou 20 milliards, mais chaque semaine.»
Thomas Stucki, responsable des investissements à la Banque cantonale de Saint-Gall, confirme lui aussi le succès de l’intervention de la BNS. «En agissant avec fermeté les jours qui ont suivi le référendum, elle n’a pas permis aux investisseurs de se réfugier vers le franc», explique-t-il.
Selon lui, le semestre sous revue consacre toutefois une tendance: le fait que les résultats de la BNS sont désormais voués à varier de manière importante d’un trimestre à l’autre. «Plus les réserves monétaires vont augmenter, plus les positions en monnaies étrangères seront importantes et plus les résultats seront volatils», prévient-il. Or, ces réserves ont encore augmenté de 42 milliards environ au cours du dernier semestre, les portant à quelque 635 milliards.
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