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Les taux négatifs dopent les résultats de la BNS

L’institution monétaire a enregistré un bénéfice de 21,3 milliards de francs au premier semestre. Elle a notamment profité de ses positions en or et en obligations étrangères

ARCHIV --- ZU DEN HALBJAHRESZAHLEN DER SNB STELLEN WIR IHNEN FOLGENDES BILD ZUR VERFUEGUNG --- Eine Wand mit Stacheldraht steht vor der Baustelle vor der Schweizerischen Nationalbank, am Mittwoch, 9. September 2015, auf dem Bundesplatz in Bern. (K... — © PETER KLAUNZER
ARCHIV --- ZU DEN HALBJAHRESZAHLEN DER SNB STELLEN WIR IHNEN FOLGENDES BILD ZUR VERFUEGUNG --- Eine Wand mit Stacheldraht steht vor der Baustelle vor der Schweizerischen Nationalbank, am Mittwoch, 9. September 2015, auf dem Bundesplatz in Bern. (K... — © PETER KLAUNZER

Les premiers semestres se suivent mais ne se ressemblent pas pour la Banque nationale suisse (BNS). Alors qu’elle avait enregistré une perte de 50,1 milliards sur les six premiers mois de l’année 2015, l’institution monétaire a indiqué vendredi avoir réalisé un bénéfice net de 21,3 milliards au premier semestre 2016. Elle avait déjà engrangé 5,7 milliards de janvier à fin mars.

Evidemment ce début d'année n’a pas été marqué par l’abandon du taux plancher qui avait forcé la BNS à intervenir massivement sur le marché des devises début 2015. Et qui avait coûté plus de 40 milliards de francs à l'institution monétaire. Mais le premier semestre 2016 a lui aussi connu son lot d’imprévus, à commencer par le Brexit. Alors que s’est-il passé pour que la BNS s’en sorte aussi bien?

Lire aussi: Banques suisses en 2015: bénéfice total de 15,8 milliards

Dans son communiqué publié vendredi, la Banque nationale avance plusieurs explications. Tout d’abord la hausse du cours de l’or, dont la BNS détient 1040 tonnes, a généré une plus-value de 7,6 milliards de francs sur les six derniers mois. Les positions en monnaies étrangères ont quant à elles rapporté 13 milliards de francs tandis que les positions en francs ont permis à l’institution d’engranger 868 millions de francs, dont 692 millions proviennent des taux d’intérêt négatifs prélevés sur les avoirs en comptes de virement.

L’institution monétaire souligne toutefois, comme à son habitude, qu’il est difficile de tirer des déductions d’un résultat qui «dépend principalement de l’évolution sur les marchés de l’or, des changes et des capitaux. C’est pourquoi de fortes fluctuations sont la règle», indique-t-elle.

«Bonne surprise»

«Quelle bonne surprise, se félicite néanmoins Karsten Junius, chef économiste de Safra Sarasin. Alors que nous nous étions habitués à ce que les positions en devises étrangères et en or de la BNS contribuent de manière négative à ses résultats, voilà que c’est maintenant l’inverse. Ce coussin supplémentaire est rassurant pour la BNS qui pourrait bien en avoir besoin en ces temps politiquement et économiquement volatils.»

Pour Dominik Studer, économiste chez UBS, ces résultats doivent beaucoup aux taux d’intérêt qui ont de nouveau diminué ces derniers mois (notamment aux Etats-Unis et en Europe). «Les prix des obligations évoluent inversement à la courbe des taux intérêt, rappelle-t-il. Du coup, le portefeuille obligataire de la BNS a pris passablement de valeur.» Le gain s’élève à 10,3 milliards de francs pour être précis sur le premier semestre, selon la BNS. Dont 4,1 milliards pour les seuls produits d’intérêt (paiements de coupons).

Autre contributeur au résultat positif de la BNS: son portefeuille en monnaies étrangères. Si l’euro – qui représente 41% des réserves en devises – s’est affaibli ces trois derniers mois, l’appréciation du dollar (34% des réserves) a en grande partie compensé cette baisse. Surtout, c’est la position en yens – 8% des réserves – qui a gagné plus de 10% sur la période, souligne l’économiste d’UBS.

Brexit sans effets

Mieux encore: le Brexit n’a pas entraîné la ruée vers le franc que certains craignaient. «La BNS n’a pas eu besoin d’intervenir trop fortement à la suite du vote britannique, observe Dominik Studer. Son intervention n’a ainsi pas dépassé 15 milliards de francs environ au mois de juin alors que dans les semaines qui avaient précédé l’abandon du taux plancher, elle avait dû acheter des devises étrangères pour 15 ou 20 milliards, mais chaque semaine.»

Thomas Stucki, responsable des investissements à la Banque cantonale de Saint-Gall, confirme lui aussi le succès de l’intervention de la BNS. «En agissant avec fermeté les jours qui ont suivi le référendum, elle n’a pas permis aux investisseurs de se réfugier vers le franc», explique-t-il.

Selon lui, le semestre sous revue consacre toutefois une tendance: le fait que les résultats de la BNS sont désormais voués à varier de manière importante d’un trimestre à l’autre. «Plus les réserves monétaires vont augmenter, plus les positions en monnaies étrangères seront importantes et plus les résultats seront volatils», prévient-il. Or, ces réserves ont encore augmenté de 42 milliards environ au cours du dernier semestre, les portant à quelque 635 milliards.

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