La technologie révolutionne le secteur médical
Opinion
La numérisation du secteur sanitaire aura des retombées à plusieurs niveaux que l’on peut regrouper en trois catégories: recherche et développement de nouveaux médicaments, prestations médicales et efficacité du système de santé

En 2016, les dépenses de santé aux Etats-Unis ont représenté 18% du produit intérieur brut (PIB). Dans le même ordre d’idées, la hausse moyenne annuelle des primes d’assurance maladie a dépassé 4% en Suisse au cours des dernières années.
Une étude réalisée par l’entreprise de consulting McKinsey en 2011 confirme également ce phénomène: il en ressort en effet une augmentation de 818% des dépenses de santé aux Etats-Unis depuis 1960, contre des hausses respectives de 168% et 16% seulement pour le PIB et les salaires durant cette période. Si elle devait se poursuivre, cette tendance se révélerait inévitablement non viable.
La numérisation des services de santé apparaît actuellement comme l’une des solutions les mieux à même de régler ce problème. Par le passé, les coûts élevés des frais de recherche et de développement de l’industrie pharmaceutique n’ont pas permis de créer des services de santé plus efficaces. Cela pourrait changer avec la numérisation. De nombreux secteurs y sont passés au cours des vingt dernières années, bénéficiant ainsi d’une nette réduction de leurs coûts de production et d’un élargissement de leur offre de produits et de services.
Le secteur de la santé à la traîne dans le processus de numérisation
Le secteur de la santé est en retard d’au moins dix ans dans le processus de numérisation. D’après un article publié dans The Economist, environ 20% des dépenses médicales actuelles sont superflues. L'association faîtière des assurances maladie Santésuisse souligne par ailleurs que les «traitements erronés ou non nécessaires» comptent parmi les principaux responsables de la hausse continue des dépenses de santé.
Plusieurs facteurs empêchent l’arrivée des nouvelles technologies numériques dans le secteur sanitaire, notamment les incertitudes autour de la collecte et de l’utilisation des données des patients. Toutefois, certains éléments laissent penser qu’un cadre normatif rigoureux et clairement défini concernant le traitement de ces données sera mis en place dans les prochaines années.
La numérisation du secteur sanitaire aura des retombées à plusieurs niveaux que l’on peut regrouper en trois catégories: recherche et développement de nouveaux médicaments, prestations médicales et efficacité du système de santé.
Le domaine de la recherche et du développement regroupe notamment les instruments et les services liés aux sciences de la vie, le diagnostic basé sur la biologie moléculaire et sur l’intelligence artificielle (IA) ainsi que le séquençage génétique de haute précision. Concernant ce dernier aspect, on peut citer par exemple le projet génome humain, lancé en 1990 dans le but de déchiffrer la séquence complète de l’ADN humain. D’après le National Human Genome Research Institute, les progrès réalisés au niveau informatique ont permis ces dernières années de réduire de manière substantielle les coûts liés au séquençage, passés des 100 millions de dollars prévus initialement à 1000 dollars environ. Cela ouvre la voie à une meilleure compréhension des maladies et au développement de nouveaux traitements.
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C’est justement en matière de prestations médicales que le passage à la numérisation aura le plus d’impact, avec des retombées dans des domaines allant de la biotechnologie à la technique médicale et à la chirurgie assistée par robot en passant par les soins médico-pharmaceutiques personnalisés et des installations innovatrices. La possibilité d’effectuer des modifications génétiques permet par exemple de mettre au point des thérapies personnalisées contre les cancers. Des estimations récentes indiquent qu’il est désormais possible d’augmenter de 10-20% à 60-70% le taux de guérison de certaines formes de cancer. On observe également une baisse importante des coûts dans la phase post-maladie.
Autre exemple notable: la robotique chirurgicale. Le robot Da Vinci permet notamment aux chirurgiens de réduire la perte de sang et le risque d’infection grâce à un système d’éclairage à haute intensité et à une plus grande précision lors de l’utilisation d’instruments chirurgicaux.
Le troisième domaine comprend les secteurs dans lesquels les innovations technologiques permettent d’améliorer l’efficacité du système de santé, comme les technologies liées aux processus administratifs et opératoires des hôpitaux, aux dispositifs innovants chargés du suivi de l’état de santé (fitness tracker, par exemple) et à l’analyse de big data du secteur de la santé. Reste à dissiper les doutes concernant les aspects juridiques autour de la collecte et de l’utilisation des données. Il sera ensuite possible de créer de nouvelles économies dans le domaine sanitaire.