Le test européen des banques pointe la vulnérabilité des établissements italiens
Finance
L'Autorité bancaire européenne a publié vendredi soir les résultats des tests de résistance de 51 banques. Elle confirme la vulnérabilité de la Banca Monte deil Paschi di Siena, qui va bénéficier d'un plan de sauvetage

Globalement, les banques européennes sont plutôt en bonne santé. C’est l’une des principales conclusions des tests de résistance auxquels ont été soumises 51 banques, représentant 70% de l’activité bancaire en Europe, et dont les résultats ont été publiés vendredi soir.
L'Autorité bancaire européenne (EBA) qui assume la fonction de superviseur de la Banque centrale européenne (BCE) a toutefois pointé la forte vulnérabilité de la banque italienne Banca Monte deil Paschi di Siena (BMPS) à une dégradation de la conjoncture. Elle n’est pas assez solide pour faire face à un choc économique défavorable. Toutes les banques ont été exposées à des scénarios de chocs extérieurs, notamment une panne de la croissance sur la période 2016-2018.
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Deutsche Bank signalée
Treize autres banques affichent aussi des faiblesses, car leur capital de base serait considérablement amputée dans une situation économique défavorable. Les allemandes Deutsche Bank et Commerzbank, la britannique Royal Bank of Scotland, la banque irlandaise AIB font partie de ce groupe. Les autres banques, dont toutes les françaises qui ont subi le test, souffriraient un peu moins dans une crise financière. Les observateurs craignaient une mauvaise note pour Crédit Agricole.
Le cas BMPS
Restent les cas particuliers qui demandent une attention particulière.Plusieurs banques italiennes n'ont pas pris des mesures pour épurer leurs bilans en se débarrassant des prêts qui n’étaient plus susceptibles d’être remboursés. Les regards étaient braqués à juste titre sur la BMPS, la troisième banque italienne et la plus vieille de la planète – fondée en 1472 –, qui était particulièrement vulnérable. Comme toutes les banques italiennes, elle n’a pas été renflouée de façon suffisante ces dernières années. Au début du mois, la BCE a déjà ordonné la BMPS de réduire les dettes pourries, qui s’élevaient à 46,9 milliards d’euros, soit 35% des prêts totaux.
Ce n’est pas un hasard si le conseil d’administration de la BMPS a choisi de tenir une réunion extraordinaire vendredi soir. Pour prévenir tout choc que peut créer les mauvaises notes de l’EBA, les dirigeants ont annoncé avoir validé un plan pour la cession des créances à hauteur de 9,2 milliards d’euros, et une augmentation du capital qui pourraient atteindre cinq milliards d’euros. Ce plan de secours aurait obtenu le feu vert de la Commission européenne.
Unicredit sur la liste
Les autres grandes banques italiennes, notamment Unicredit et Intesa Sanpaolo – qui sont assises sur une montagne de prêts douteux de 360 milliards d’euros – ont obtenu des notes plutôt satisfaisantes. Les marchés craignaient le pire; depuis le début de l’année, les actions des banques italiennes ont cédé près de la moitié de leurs valeurs.
L’ABE ne cache pas une certaine satisfaction; les tests démontrent que les mesures prise ces dernières années – recapitalisation et débarras des prêts non-performants – ont rendu le secteur bancaire européen plus résilient, plus solide et capable de surmonter une nouvelle crise financière comme celle qui avait frappé l’Europe en 2007-2008.
Le président de l’EBA Andrea Enria affirme toutefois que «le bulletin de santé n’est toutefois pas parfait. Il reste encore du travail à faire et le superviseur y veillera.» Depuis la fin de 2013, les banques européennes ont augmenté leurs fonds propres à hauteur de 180 milliards d’euros.