Quand il s’agit de l’Asie, et de la Chine plus particulièrement, «il y a toutes les raisons d’être optimiste», a expliqué lundi à Zurich Kathryn Shih, présidente Asie-Pacifique et membre du directoire d’UBS à quelques journalistes. «Les perspectives s’améliorent en Chine, la croissance est solide en Indonésie et aux Philippines», cite la banquière d’origine philippine, de passage pour quelques jours en Suisse. De même que l’ouverture graduelle des marchés et la création de richesse dans la région. Et pour l’heure, elle ne s’inquiète pas des tensions entre la Chine et les Etats-Unis: «Il y a suffisamment d’intérêts des deux côtés pour que le dialogue soit maintenu», estime-t-elle.

Chez UBS depuis plus de trente ans, basée à Hongkong, elle dirige toutes les activités de la banque en Asie-Pacifique depuis 2016: gestion de fortune, gestion d’actifs et banque d’investissement. Employant plus de 8000 personnes dans la région, UBS devance les autres banques internationales, avec 311 milliards de francs sous gestion à la fin du premier trimestre. Au premier trimestre, la région représentait 11% des bénéfices totaux de la banque.

La Chine et ses 1,3 milliard d’habitants représentent l’un des marchés les plus intéressants pour la banque. UBS compte deux coentreprises, l’une dans l’investissement depuis 2006 et la seconde dans la gestion d’actifs depuis 2007, ce qui lui permet d’offrir tous les services de gestion de fortune. Le groupe y a recruté 200 personnes l’an dernier, pour dépasser les 800 employés, principalement des locaux, et compte atteindre 1200 personnes d’ici à 2020.

Mais l’incursion dans l’un des marchés les plus convoités du monde a un prix: de ces deux joint-ventures, UBS ne détient que 24,9% de la banque d’investissement et 49% de la gestion d’actifs, même si, souligne Kathryn Shih, «nous avons la direction complète de l’entreprise et nous négocions pour monter notre participation à 49%, ce qui n’était pas possible jusqu’ici». Elle doit se contenter d’un quart des profits, mais la banque voit cette implantation comme un investissement. Couplée à sa présence à Hongkong, elle estime que c’est un avantage pour les clients chinois qui veulent investir à Hongkong et vice versa.

Masse critique

D’ailleurs, l’Asie-Pacifique, où UBS a mis un premier pied en 1930, en Australie, n’est pas forcément synonyme de succès pour les banques étrangères. «Un grand nombre d’établissements étrangers ont voulu s’étendre en Chine, mais ces dernières années, nous en avons vu une consolidation, particulièrement entre banques européennes», explique Kathryn Shih. Pour cette dernière, la raison est simple: «Il faut une masse critique pour opérer en Asie et pouvoir offrir une plateforme aux clients.» Sans pour autant qu’UBS ne participe à la consolidation. «Nous regardons les opportunités, bien sûr. Mais nous n’avons plus fait d’acquisition depuis dix-sept ans. Ce sont souvent de trop petites entités, à l’exception de Merrill Lynch [rachetée par Julius Baer, ndlr]», poursuit-elle, soulignant que la «croissance organique est plus simple et moins coûteuse».

La position d’UBS ne lui a pas évité tous les écueils. Epinglée pour avoir abrité une partie des fonds liés au scandale financier malaysien 1MDB, elle dit «avoir revu les processus et avoir amélioré les contrôles».

Bientôt dans le MSCI

Ce mardi soir, MSCI devrait d’ailleurs annoncer si les actions chinoises A seront intégrées dans son indice. Pour Kathryn Shih, les chances sont à «50-50». Une telle décision aurait un impact immédiat, les analystes anticipant des afflux importants dans les actions chinoises du fait de l’adaptation des positions des ETF. A moyen terme, la responsable considère que 8 milliards de dollars supplémentaires pourraient entrer, venant de fonds actifs dont les gérants changent leurs positions. Car, «même si ce n’est pas cette semaine, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elles soient intégrées».