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Pour une gestion alternative autonome!

La recherche d’autonomie doit consister à notamment éviter les investissements les plus populaires au sein des hedge funds, à préférer les fonds de taille moyenne et petite, à favoriser la gestion fondamentale

Une gestion autonome implique d'éviter les investissements les plus populaires au sein des hedge funds. — © Lucas Jackson / Reuters
Une gestion autonome implique d'éviter les investissements les plus populaires au sein des hedge funds. — © Lucas Jackson / Reuters

Dans un contexte d’épuisement des opportunités de rendement nourri par la compression tous azimuts des primes de risque, les hedge funds sont de nouveau appelés à jouer un rôle de diversification des sources de performance et de risque au sein des portefeuilles. Loin de faire l’unanimité, les hedge funds ont enregistré au premier trimestre 2016 des sorties pour près de 15 milliards de dollars. Il faut remonter à 2009 pour retrouver des chiffres de cette ampleur.

Les critiques portées à l’endroit des hedge funds se concentrent sur leurs performances post-crise financière de 2008 et sur la rigidité de leurs structures de frais.

En matière de coût, il est tout à fait justifié de s’interroger sur la «survie» de structures de frais de type «2/20». Cette capacité que conservent bon nombre de gérants alternatifs à s’affranchir du darwinisme ambiant en matière de baisse des commissions de gestion (notamment sous l’impulsion du développement des ETF) continue de surprendre. L’environnement de taux bas ne fait d’ailleurs que renforcer ce questionnement.

Ainsi et sans devoir s’imposer comme un critère éliminatoire dans une démarche de sélection de gérants alternatifs, la recherche d’une structure de coût optimale doit et peut aujourd’hui mener à une diminution non négligeable des coûts.

Le choix souvent retenu de faire débuter l’horizon temporel de comparaison des performances des hedge funds avec les autres classes d’actifs (marchés des actions et du crédit) à la sortie de la crise financière de 2008 n’est pas anodin. Ce choix permet de pointer du doigt l’inaptitude qu’ont eu les gérants alternatifs à participer au rallye quasi ininterrompu qui est intervenu sur les marchés actions et obligataires depuis 2009. Peu importe, par exemple, que l’indice EurekaHedge Hedge Fund Index ait surperformé le S&P 500 de 50% entre 2000 et 2001 ou encore de 35% entre 2007 et 2008!

Ces critiques occultent donc de manière un peu rapide le rôle joué depuis par la crise de 2008 sur les marchés financiers et masquent l’impact des politiques monétaires d’assouplissement quantitatif des grandes banques centrales. Il n’est pas rare de lire ici et là que les hedge funds auraient ainsi manqué le «trade de leur vie» en refusant de répondre à l’invitation des banquiers centraux à venir se joindre, sans retenue, à la grande partie de chasse aux rendements.

A contre-courant de ces critiques, pourquoi ne pas adopter une autre grille de lecture en vue de mieux apprécier le potentiel de diversification des hedge funds? En l’occurrence, il convient plutôt de soumettre à la critique l’autonomie dont peuvent se prévaloir les gérants de hedge funds laquelle figure, selon nous, au cœur de la valeur ajoutée apportée par ce type de stratégies.

Cette autonomie doit, notamment s’affirmer vis-à-vis des conventions financières répondant au doux oxymore de «smart betas» et prenant la forme de facteurs de surperformance statistiques tels que les facteurs «momentum», «low volatility» ou «value». Comment d’ailleurs justifier les structures de frais et de liquidité propres aux hedge funds pour des stratégies d’investissement dont s’est emparée ces dernières années l’industrie des ETF? Il faut également garder à l’esprit le rôle capital joué par l’abondante liquidité fournie par les politiques d’assouplissement monétaire depuis 2009 dans la genèse et la stabilité de ces stratégies d’investissement factorielles.

Cette recherche d’autonomie doit également consister à éviter les «most popular trades» des hedge funds (comme ce fut le cas récemment pour les titres Valeant ou Allergan). Ce faisant, la probabilité de se retrouver exposé à l’un des risques systémiques (ventes contraintes des mêmes positions au même moment) propres à cette industrie sera nettement réduite.

La sélection de hedge funds devrait par ailleurs, selon cette grille de lecture, accorder une attention toute particulière: aux montants des actifs gérés (préférer des fonds de tailles petites à moyennes); au style de gestion (favoriser les gestions dites «fondamentales» qui laissent une plus grande place à la subjectivité et à l’autonomie du gérant); et aux stratégies à même d’exploiter des primes d’illiquidité elles-mêmes sources d’autonomie vis-à-vis des marchés financiers traditionnels.

A l’encontre de l’adage bien connu selon lequel: «il vaut mieux avoir tort avec tout le monde que d’avoir raison tout seul», la raison d’être des hedge funds ne devrait-elle pas se déduire de cette soif d’autonomie dans un monde pétri de mimétisme?