Les actions des groupes de luxe comme LVMH, Richemont, Swatch Group ou Hermès ont perdu quelque peu de leur éclat. La plupart de ces entreprises ont décroché durant la semaine du 20 au 24 mai, en parallèle à la correction intervenue sur la plupart des places boursières. Il n’y a toutefois aucune remise en question globale sur la pertinence d’investir dans ces entreprises. La semaine dernière, ces entités ont d’ailleurs déjà effacé une bonne partie de leurs pertes et la plupart affichent une progression depuis le 1er janvier.

«Ce qui est d’autant plus remarquable vu qu’en 2012 les groupes de luxe avaient décollé, l’indice MSCI ad hoc ayant progressé de 22,8%», rappelle René Weber, analyste à la banque Vontobel. Christophe Laborde, de la banque genevoise Bordier & Cie, parle même «d’une croissance exponentielle sur ces quatre dernières années». De quoi relativiser les récents soubresauts. Ce d’autant plus que l’exception du luxe, secteur qui se joue des aléas conjoncturels, va se poursuivre, selon les experts. En comparaison historique, la valorisation reste attractive, même si elle se rapproche de sa moyenne. Pour l’heure, le ratio valeur d’entreprise par rapport au cash-flow (EV/EBITDA) estimé pour 2014 se situe à 11,2, contre un niveau historique de 12. En d’autres termes, il existe encore un potentiel de croissance. Il faut toutefois raison garder et ne plus s’attendre à des progressions des titres de 20 à 25% comme cela a été le cas l’an dernier, d’après les analystes.

Ainsi, HSBC vient de relever sa recommandation sur l’action Richemont de neutre à surpondérer et son objectif de cours de 82 à 104 francs. La banque estime notamment que le leadership de la marque phare du groupe genevois, Cartier, peut encore se renforcer bien davantage. Analyse identique chez Credit Suisse. Si la banque reste à surperformance sur le numéro deux mondial du luxe, elle a remonté son cours cible de 85 à 97 francs. En dépit de la poussée du titre depuis le début de l’année, le rapport rendement-risque demeure favorable, juge l’analyste. «La valorisation de Richemont n’est pas exigeante à 16,8 fois les bénéfices attendus sur l’année 2014, globalement en ligne avec la moyenne sectorielle», ajoute Credit Suisse.

De son côté, Swatch Group séduit Morgan Stanley. La banque vient de rehausser son objectif de cours de 558 à 602 francs pour le numéro un mondial de l’horlogerie et surtout a maintenu sa recommandation à surpondérer. Trois raisons expliquent cet optimisme. D’abord, le courtier perçoit une amélioration de la dynamique du secteur en Chine – pays dans lequel le groupe biennois dispose de la plus forte exposition parmi ses pairs. Ensuite et en dépit de l’intégration de la marque Harry Winston, rachetée cette année, le cash-flow du groupe horloger devrait encore s’améliorer. Enfin, Morgan Stanley juge la valorisation de Swatch Group «attractive», vu que le titre se traite quatorze fois le bénéfice par action attendu pour l’exercice 2014, contre un ratio de 16,8 fois en moyenne dans son secteur. Pour sa part, Vontobel recommande d’acheter Swatch Group et de conserver Richemont, dont le ratio cours par rapport aux bénéfices de 16,4 (P/E) est proche de la moyenne historique.

Seule exception, LMVH, numéro un mondial du luxe, reste dans le rouge boursier depuis le début de l’année. Et les analystes semblent hésiter sur l’évolution de l’action à court terme. Raison principale? LVMH est entré dans une phase de repositionnement de sa marque phare Louis Vuitton. «Nous apprécions le travail qualitatif sur l’offre de cette marque mais la montée en gamme va demander de la patience et les bénéfices en sont difficiles à appréhender. 2013 sera un exercice de transition», explique Christophe Laborde. Du coup, en raison d’une valorisation de LVMH supérieure de 15% au secteur du luxe pour des perspectives de croissance du bénéfice par action similaires (+9% sur deux ans), Bordier recommande désormais de se séparer du titre. Là aussi, cela ne remet pas en question la qualité et les perspec­tives de l’entreprise française. «LVMH est à la recherche d’un second souffle et il faut juste lui laisser un peu de temps», relativise l’analyste.

«LVMH est à la recherche d’un second souffle et il faut juste lui laisser un peu de temps»