«Vontobel reste importante pour le groupe Raiffeisen»
consolidation
Alain Girardin dirige le siège Suisse romande de la troisième banque du pays. Il réagit à la reprise des activités non américaines de Wegelin
Le Temps: Vendredi passé, le groupe Raiffeisen a annoncé reprendre les activités non américaines de la banque Wegelin, désormais menées par Notenstein, banque privée. Vous êtes le directeur du siège Suisse romande de Raiffeisen. Quand avez-vous été informé?
Alain Girardin: Je l’ai appris le vendredi de l’annonce, à 10h, lors d’une conférence téléphonique qui réunissait une grande partie des directeurs et présidents de conseil d’administration des banques Raiffeisen.
– Qui décide ce genre d’opération dans votre groupe, qui compte 328 entités juridiques autonomes? Tout semble avoir été très vite, peut-être précipité…
– Cette compétence revient au conseil d’administration de Raiffeisen Suisse. La localisation de notre siège à Saint-Gall, comme l’ex-banque Wegelin, a certainement facilité les contacts. Cette proximité a probablement favorisé la préparation de l’opération. Par ailleurs, notre directeur général, Pierin Vincenz, qui a les pieds sur terre et qui est très écouté au sein du groupe, avait déjà bien préparé le terrain. La diversification fait partie de notre stratégie d’avenir.
– Qu’est-ce que l’ex-Wegelin pourrait apporter au groupe Raiffeisen?
– Cela va tout d’abord permettre de diversifier nos revenus. Sur quelque 150 milliards de francs de bilan, 80% des revenus viennent des marges d’intérêt, et donc en large partie du marché hypothécaire. Sur les 20 milliards de Notenstein, les revenus viennent essentiellement de l’activité de gestion de fortune.
Cette nouvelle banque va nous permettre de mieux servir nos clients. Nous pourrons les accompagner tout au long de leur vie si, à un moment, ils ont besoin de services de gestion de fortune. Enfin, et à l’inverse, les clients de Notenstein, qui ne sont pas la clientèle typique de Raiffeisen, pourront bénéficier de nos compétences, notamment hypothécaires.
– Cette intégration remet-elle en question votre accord avec Vontobel, dont vous détenez aussi une part du capital?
– Pas du tout. Vontobel reste importante pour nous, sur un axe différent qui est celui des produits financiers.
– Le groupe Raiffeisen, désormais 3e banque de Suisse, ne devient-il pas un établissement bancaire comme les autres?
– Non. Nous restons une société coopérative et de proximité qui ne recherche pas la maximisation des bénéfices. Cela ne nous empêche pas de faire attention aux ratios coûts/revenus ou à notre bénéfice. Rechercher du profit nous est cependant nécessaire pour renforcer nos fonds propres. Notre ligne a toujours été claire et transparente, nous ne sommes en effet pas un Aldi bancaire.
– Votre banque est parfois présentée comme un acteur agressif sur le marché hypothécaire, par exemple à Genève où vous avez beaucoup progressé en quelques années. Est-ce juste?
– C’est de la désinformation. Nous respectons nos statuts, stricts, mais nous ne sacrifions pas la sécurité à la compétitivité. Sur la durée, cette politique nous a profité. Les clients viennent à nous pour cette culture. Nous avons effectivement beaucoup progressé à Genève. En dix ans, le bilan de la fédération genevoise est passé de 1,5 à 4 milliards. Il faut avouer que les difficultés de nos concurrents nous ont aussi amené beaucoup de clients, et de collaborateurs.