Les vrais meilleurs fonds de placement
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Le 14e European Funds Trophy 2020, à Paris, dont «Le Temps» est partenaire, récompense les meilleurs gérants en se basant sur une méthode quantitative et une analyse de risque plus complète que d’autres. Des banques suisses sont à l’honneur

Des banques suisses à la fête à Paris! L’événement est assez rare pour être signalé. Dans le cadre du 14e European Funds Trophy (EFT), qui s’est tenu jeudi soir dans un célèbre établissement de la place de la Concorde, UBS, J. Safra Sarasin et plusieurs autres instituts helvétiques ont été récompensés pour la performance de leurs fonds.
A l’inverse d’autres classements des meilleurs fonds, la méthode est ici quantitative, neutre et difficilement contestable. Elle ne se limite pas au seul rendement, ou à la performance ajustée d’une notion de risque qui se limiterait par exemple à définir ce dernier par la volatilité.
180 catégories de risques
Les classements établis par Fundclass, une agence de notation indépendante créée en 2006, prennent le risque pour point de départ. Ils placent chaque fonds dans une des 180 catégories de risque précises, afin d’intégrer tous les profils supportés par l’investisseur. Le critère de risque prend en compte également l’effet de levier (Beta) du fonds. Ensuite, l’agence établit la performance sur quatre ans et définit le classement par rapport aux concurrents et non pas par rapport à l’indice.
Enfin, le palmarès de la manifestation, dont Le Temps est partenaire avec d’autres médias européens (Le Monde argent, LCI, El País, La Stampa, Tageblat, Fundsquare), distingue les établissements financiers en fonction de leur taille, en l’occurrence du nombre de fonds commercialisés, ainsi que des pays sur lesquels les produits sont enregistrés. S’ils sont présents dans plusieurs régions, ils figurent dans la catégorie «multi-pays». Le palmarès est réalisé sans biais géographique, sectoriel ou de style de gestion.
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Le meilleur fonds de la catégorie «Actions, grandes valeurs européennes» va au fonds European Dynamic Growth de Fidelity, lequel surperforme durablement sa catégorie. Il s’est d’ailleurs classé dans le Top 10% des meilleurs produits à chaque comparaison annuelle (effectuée tous les trimestres) depuis le printemps 2018. François Chauvet, président de Fundclass, note que son rendement s’est élevé à 40% l’an dernier.
UBS et J. Safra Sarasin récompensées
UBS obtient le prix de meilleur gérant de fonds «multi-pays» dans la catégorie des établissements de plus de 200 fonds de placement sur une période de quatre ans. Les produits financiers de la grande banque qui obtiennent une très bonne note se trouvent avant tout dans les stratégies en actions. Sur les 613 fonds notés, 25 obtiennent cinq étoiles de la part de Fundclass, 83 ont 4 étoiles.
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Si les fonds sont, en moyenne des 12 dernières comparaisons, dans le premier quart du classement, le rating sera de «cinq étoiles Fundclass», soit une note excellente. La deuxième meilleure catégorie (de 2,5 à 3,5 déciles) permet d’obtenir «quatre étoiles», etc.
J. Safra Sarasin est nommée meilleur gérant «multi-pays» dans la catégorie des établissements ayant entre 71 et 100 fonds notés par l’agence. Ses meilleures notes sont obtenues dans les titres internationaux. Les fonds de la banque obtiennent à trois reprises cinq étoiles, 13 fois quatre étoiles et 15 fois trois étoiles.
Les meilleurs établissements en Suisse
Dans la catégorie des fonds enregistrés en Suisse sur quatre ans, les gagnants sont LuKB Expert, de la Banque cantonale de Lucerne (catégorie «4 à 7 fonds»), la Fondation de placement indépendante FWI («8 à 15 fonds»), LLB Swiss Investment, qui est liée à Liechtensteinische Landesbank («16 à 25 fonds»), IST Associates, qui regroupe 12 fonds de pension («26 à 40 fonds»), et Swisscanto Invest («101 à 200 fonds»).
Un classement des meilleurs gérants en Europe a également étendu la perspective à sept ans. Les meilleurs gérants d’actifs pour cette période extrêmement longue sont, de la catégorie des plus petits nombres de fonds à la plus grande: Seilern, Hermes Investment, Comgest, T.Rowe Price, Groupama, Lazard Frères Gestion, Aegon et AXA.
Les principales inquiétudes des gérants
Chaque lauréat a présenté au public ses principales inquiétudes en cette période de forte correction des marchés financiers. Le représentant de Fidelity a logiquement cité les effets du coronavirus, les conséquences des bas taux d’intérêt pour les assurances, l’urgence climatique et, en raison d’un taux de vacance extrêmement élevé, l’immobilier chinois. Ce sont les trois premières sources de craintes qui ont été le plus souvent citées par les lauréats.
Le risque de surréagir aux événements a également été fréquemment soulevé. Plus original, le représentant de Saint Olive Gestion, un gérant de la catégorie «8 à 15 fonds», s’est inquiété du risque d’inflation dans une optique à long terme tant les banques centrales injectent de liquidités. Philippe Paszkiewicz, pour UBS, a pointé le doigt sur les changements réglementaires extrêmement fréquents et la nécessité d’une plus grande stabilité des conditions-cadres.
Priorité au climat
«Un train peut en cacher un autre», a déclaré Nicolas Mackel, directeur général de Luxembourg for Finance, l’agence de développement du centre financier luxembourgeois. Si le coronavirus est le «cygne noir» de l’année 2020, l’événement improbable et imprévu dont les conséquences négatives sont considérables, le risque climatique est une menace au moins aussi forte à long terme, à son avis.
Dans son exposé, le Luxembourgeois regrette que le monde réponde insuffisamment à ce défi. «Les investissements dans les énergies fossiles se sont encore accrus l’an dernier», regrette-t-il. Certes, les banques centrales intègrent progressivement le climat dans leurs considérations et leurs placements. Les gérants d’actifs, comme BlackRock, exigent des entreprises dans lesquelles elles investissent de placer l’environnement au premier plan de leur stratégie, mais le chemin reste long.
«La moindre performance des investissements durables est pourtant un mythe», ajoute Nicolas Mackel. Le Luxembourg n’a pas tardé à se profiler sur ce créneau. La moitié des obligations vertes y sont cotées. «Notre but n’est pas d’être le gagnant de ce marché. Si la finance durable croît, tout le monde sera gagnant», avance-t-il.