Innovation
Le groupe Centralway Numbrs, l’une des plus grandes fintechs suisses, supprime 50 emplois. C’est une phase normale, selon les experts. 50 à 80% des start-up disparaissent, estime Andreas Dietrich, auteur du rapport sur la scène fintech suisse

L’une des plus grandes fintechs suisses rencontre des difficultés. Centralway Numbrs appartient aux rares «licornes» du pays, en référence aux start-up dont la valeur dépasse 1 milliard de francs. Cette plateforme de distribution de produits financiers, allant de l’assurance auto aux fonds de placement, supprime 50 emplois en raison de frais de personnel trop élevés, a annoncé le site financier Finews mercredi.
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— Spiros Margaris (@SpirosMargaris) June 4, 2017
The death of the #bank #branch has been greatly exaggerated
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Martin Saidler, un Autrichien qui détient 70% des actions, confirme au média zurichois que «l’effectif est tombé à 100 emplois hautement qualifiés». L’entreprise, dont le capital atteint 150 millions de francs, a été créée il y a quatre ans. La fintech est financée par des actionnaires prestigieux, du fonds souverain de Dubaï à Josef Ackermann, Pierre Mirabaud, Marcel Ospel, Ronald Cohen ou encore Lombard Odier, selon Finews. L’app de Centralway Numbrs n’est disponible qu’en Allemagne et les revenus sont encore insuffisants.
Ralentissement dans le capital-risque
Le consultant Accenture vient de publier une étude au titre révélateur: «Fintech – Did Someone Cancel the Revolution?» (Quelqu’un a-t-il annulé la révolution?). La réalisation des promesses se fait attendre. Et le capital-risque investi en fintech ralentit. Il a même diminué d’un tiers au Royaume-Uni en 2016.
Death of #fintech or maybe it is quietly moving from intro to growth stage... https://t.co/SAoDCfFQjB via @Finextra
— Lonzo Jackson (@coppersquared) May 29, 2017
«Le taux d’échec d’une start-up oscille entre 50 et 80%, explique Andreas Dietrich, coauteur du rapport sur la scène fintech suisse de la Haute Ecole de Lucerne. Il est possible de gagner beaucoup d’argent, mais aussi de tout perdre. C’est un processus tout à fait normal.» L’expert estime que «le risque d’échec est nettement supérieur dans le B2C (produit destiné au consommateur final) que le B2B (vendu à d’autres producteurs de services) parce que le marché suisse est petit et les coûts de marketing élevés».
Les débuts de la fintech 3.0
«Lors de la fintech 1.0, la phase de l’engouement initial, la disruption semblait promise à chaque start-up», explique Damir Bogdan, fondateur du conseiller en innovation Actvide. Avec la fintech 2.0, entre 2010 et 2015, les start-up comprennent la nécessité de collaborer avec les banques, en raison de leur réseau de clients, de leur marque et de leur licence bancaire. Depuis 15 mois, nous sommes entrés à la phase de fintech 3.0, celle d’un partenariat lors du développement commun de nouvelles solutions, selon Damir Bogdan. De son point de vue, la restructuration actuelle est «normale». Et de conclure: «Beaucoup de fintechs ne vont pas survivre.»