«And the winner is…»: le Fonds monétaire international (FMI). Le G20 a triplé ses moyens financiers, augmenté les droits de tirage spéciaux. C’est «extrêmement réjouissant» se réjouit le Financial Times. Un des risques actuels étant une crise financière secondaire et violente sur les marchés émergents, les réserves accrues du FMI permettront d’éteindre quelques incendies, écrit le quotidien britannique. Les 250 milliards réservés pour financer le commerce international sur deux ans sont aussi «le bienvenu», même si la somme reprend en partie des engagements existants.

Pour le Wall Street Journal aussi, le FMI est «le grand gagnant» du sommet londonien. «Quel retournement de situation!», constate le WSJ, rappelant qu’il y a seulement six mois, l’organisation était considérée comme largement irrelevante et dépassée. Dans un bref commentaire sur son blog, le prix Nobel d’économie Paul Krugman approuve: «Le résultat du G20 est meilleur que ce que j’attendais, en particulier grâce au financement des institutions financières internationales. Cela aidera beaucoup les petits pays subissant une crise monétaire.»

La presse est plus sceptique sur les milliards de dollars affectés par la G20 à la relance mondiale. Les journaux financiers digèrent encore le communiqué pour savoir quelle part de cette somme est constituée d’engagements déjà annoncés précédemment, ou soumise à des précisions qui font encore défaut.

Vu l’effondrement général des dépenses de consommation et d’investissement, les pays riches sont restés «dangereusement» en deçà de l’objectif ambitieux affiché par la présidence américaine, écrit le New York Times, qui encourage Barack Obama à poursuivre son travail de persuasion. Pour le Guardian, le message au fond assez peu encourageant du G20 est que «les pays doivent se débrouiller par eux-mêmes» pour sortir de la crise bancaire et de la récession. On est donc assez loin du «nouvel ordre mondial» proclamé par les chefs d’Etat à l’issue du sommet. D’une manière générale, les commentateurs rappellent que le sommet ne s’est pratiquement pas penché sur la situation encore très précaire du système financier.

S’il y a un gagnant, il y a aussi un perdant. Et c’est la Suisse, roulée dans la farine à propos du secret bancaire, figurant sur la liste grise de l’OCDE alors que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne s’en sortent avec les honneurs malgré les trous béants de leurs ordres juridiques en matière de fiscalité. La pression de Nicolas Sarkozy sur Barack Obama et un coup de pouce de la Chine, d’abord réticente, ont permis l’allusion assassine à la «fin du secret bancaire» dans le communiqué final du G20.

La presse helvétique est assez réservée sur les résultats du sommet. La NZZ titre que «la médecine du G20 n’est pas de nature à rétablir la confiance». Derrière les déclarations autosatisfaites, argumente le quotidien zurichois, on escamote le fait que les promesses de relance se basent sur de l’argent que les gouvernements n’ont pas, et court-circuitent les mécanismes qui devraient régénérer des économies de marché dignes de ce nom. Quant à l’attaque contre les paradis fiscaux, elle relève, comme la volonté de se mêler du salaire des managers, du «populisme».