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Le FMI se dit prêt à aider l’Egypte

Le directeur général Dominique Strauss-Kahn s’inquiète des déséquilibres de la reprise économique. Standard & Poor’s rétrograde la note du pays

Le Fonds monétaire international est prêt à aider l’Egypte, et d’autres pays dans la même situation, à reconstruire leur économie, a indiqué mardi son directeur général Dominique Strauss-Kahn. Ce dernier a par ailleurs mis en garde contre l’aggravation des déséquilibres mondiaux.

«Bien entendu, le FMI est prêt à aider à concevoir le type de politique économique qui pourrait être mise en place» en Egypte et dans d’autres pays à la situation similaire, a déclaré M. Strauss- Kahn lors d’une conférence à Singapour. «La question est de savoir comment reconstruire. Ce n’est pas seulement valable pour l’Egypte mais aussi pour des pays qui ne connaissent pas ce genre de troubles mais qui sont quasiment dans la même situation», a-t-il précisé.

Le directeur général du FMI a par ailleurs mis en garde contre l’aggravation de déséquilibres mondiaux, facteurs de tensions qui menacent selon lui de faire dérailler la fragile reprise économique. «Bien que la reprise soit en cours, ce n’est pas la reprise que nous souhaitions», a-t-il dit. «C’est une reprise émaillée de tensions et de pressions, qui pourrait même semer les graines de la prochaine crise».

Dominique Strauss-Kahn voit «deux déséquilibres dangereux»: celui existant entre les pays développés, à croissance molle, et les pays émergents et en voie de développement, à croissance rapide, dont «certains pourraient même se trouver bientôt en état de surchauffe».

Parlant de la région Asie, il a ainsi estimé que «des risques de surchauffe existent, voire d’atterrissage brutal». Il a également souligné le risque provoqué par l’augmentation des prix à l’alimentation, «avec des effets potentiellement dévastateurs pour les pays à faible revenu».

Parmi les pays riches, les économies dotées d’une balance commerciale très excédentaire, comme la Chine et l’Allemagne, restent dopées par les exportations, tandis que celles pourvues d’une balance commerciale déficitaire, comme les Etats-Unis, continuent de s’appuyer sur la demande intérieure, a-t-il noté. «Ces déséquilibres mondiaux représentent un risque pour la durabilité de la reprise», a déclaré le directeur du FMI.

L’autre déséquilibre évoqué par Dominique Strauss-Kahn est celui qui existe au sein de différents pays, avec un nombre accru de chômeurs et de très forts écarts de revenus. Par exemple, a-t-il dit, le chômage est «une des raisons de fond des troubles politiques en Tunisie et de la montée des pressions sociales dans d’autres pays».

Après Moody’s lundi, l’agence de notation Standard & Poor’s a rétrogradé l’Egypte d’un cran à BB mardi. «L’instabilité politique et l’agitation entraveront la croissance et exercent un impact négatif sur les finances publiques», écrit-elle. Contrairement aux autres agences, qui ne se sont penchées pour le moment que sur la dette souveraine, S&P a placé sous surveillance négative la note des deux principales banques commerciales du pays, National Bank of Egypt et Commercial International Bank.

Si l’instabilité venait à se prolonger, la note de l’Etat et des principales institutions financières du pays pourraient être abaissées, «peut-être de plusieurs crans», ajoute l’agence dans son communiqué.