Le franc fort pénalisera la saison d’hiver
Hôtellerie
L’hôtellerie suisse a jusqu’à présent bien résisté à la cherté du franc, mais les perspectives s’assombrissent pour la prochaine saison d’hiver. En particulier, les touristes de la zone euro feront défection. Il ne faudra pas attendre un retour à la croissance avant la fin de 2011
Après l’effondrement du secteur hôtelier lié à la crise économique et financière mondiale en 2009, la branche a repris des couleurs. Sur l’année touristique qui vient de s’achever, soit de novembre 2009 à octobre 2010, le nombre de nuitées a progressé de 1,6% par rapport à la même période de l’an passé, ont noté mardi le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) et l’institut BAKBASEL, en présentant leurs prévisions.
La saison d’été (+2,3%) a profité d’une demande étrangère plus forte que prévu, liée en partie à un redressement rapide des économies. Les marchés asiatiques ont insufflé la plus forte impulsion, progressant de 26,8% entre mai et août, alors que ceux d’Europe occidentale reculaient parallèlement de 0,8%.
Suisse Tourisme, qui dressait ce même jour à Zurich une rétrospective des huit premiers mois de 2010, fait le même constat. La branche a bien résisté dans l’ensemble, une demande intérieure stable et le formidable essor des marchés chinois, indien et des pays du Golfe permettant de compenser le recul de la demande de la zone euro, relève l’organisme de promotion.
Fléchissement annoncé
Mais sur la saison d’hiver qui démarre, les perspectives sont moins roses. Compte tenu de l’effet retard des fluctuations des cours de change, l’hôtellerie ressentira désormais plus fortement la fermeté du franc.
Le nombre de nuitées devrait reculer de 1,5% entre novembre de cette année et avril 2011, par rapport à la même période de l’an passé, selon BAKBASEL. La demande étrangère fléchira d’environ 2,2%, avec un recul particulièrement marqué pour les visiteurs en provenance de la zone euro (environ -5%), souligne l’institut. Bien que plus résistante, la demande des touristes suisses devrait elle aussi se contracter (-0,5%).
Christoph Juen, directeur de Hotelleriesuisse, a néanmoins souligné lors de la conférence de Suisse Tourisme que la branche avait les reins solides et qu’elle ne voulait pas s’engager dans une guerre des prix. Pour la saison d’hiver à venir, l’organisme de promotion a investi 14,2 millions de francs dans sa campagne marketing pour vanter les charmes des sports d’hiver en Suisse.
Sortie du tunnel en 2012
Il est probable que le secteur du tourisme suisse ne parviendra pas à surmonter ce creux durant la prochaine saison d’été 2011, allant de mai à octobre, relève pour sa part BAKBASEL. Si la demande intérieure devrait se stabiliser, le nombre de visiteurs étrangers continuera à diminuer (-1,7%). L’hôtellerie suisse ne devrait pas renouer avec une croissance durable avant la fin de 2011, ce qui devrait se traduire par un recul des nuitées de 1,2% sur l’année entière, selon BAKBASEL.
Par contre, une augmentation de 1,4% des nuitées est attendue sur l’année touristique 2012. A cette date, l’industrie hôtelière devrait avoir dépassé les effets de la crise économique et financière ainsi que de la fermeté du franc. En 2013, la reprise devrait être encore plus marquée (+3,3%).
Croissance asiatique
Pour leur part, les remontées mécaniques suisses devraient accuser un recul d’environ 5,2% de leur revenu réel sur l’année touristique qui vient de s’achever. Reste que ce résultat peut être jugé globalement positif, en raison du niveau record des deux années précédentes, juge BAKBASEL.
Pour 2011, il faut s’attendre à un léger recul (-0,8%), lié en premier lieu à la baisse des touristes de la zone euro. Par contre, 2012 et 2013 devraient permettre aux remontées mécaniques de renouer avec des taux de croissance stables, avec une hausse respective de 1,7% et de 2,8%.