La Banque de France vient d’enfoncer le clou. Comme l’avait annoncé le ministre des Finances Bruno Le Maire à la fin août, le déficit public français ne baissera pas en 2018. Celui-ci restera certes au-dessous de la barre des 3% exigée par les critères de la zone euro, mais il restera équivalent au chiffre de 2017 (2,6%) au lieu d’atteindre les 2,3% envisagés.

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La courbe des créations d’emplois s’infléchit aussi vers le bas: «Les créations nettes d’emplois ont été très soutenues en 2017 (330 000) et elles resteront importantes en moyenne annuelle en 2018 (245 000). Elles devraient fléchir quelque peu en 2019 (140 000) et 2020 (160 000)», note le document. Lequel pronostique toutefois un taux de chômage en baisse, lié au ralentissement démographique: celui-ci devrait atteindre 8,3% fin 2020 – son plus bas niveau depuis fin 2008 – contre 9,1% en 2018.

La question du déficit public est sensible à moins d’un an des élections européennes de mai 2019, car elle démontre de nouveau le fossé entre la France et l’Allemagne, malgré l’engagement d’Emmanuel Macron d’y remédier depuis son élection. Alors que Paris reste à la peine sur le ralentissement des dépenses de l’Etat, Berlin a confirmé fin août un excédent budgétaire record de 48 milliards d’euros, soit 2,9% du produit intérieur brut (PIB).

Des promesses difficiles à tenir

Comment, dès lors, croire aux promesses de Berlin et Paris de parvenir, dans les mois à venir, à la réforme de la zone euro destinée à accoucher, entre autres, d’un budget commun aux 19 pays membres pour financer les investissements et se prémunir contre une nouvelle crise, dix ans après le choc de 2018? Le déficit confirmé par la Banque de France fait écho à l’avertissement de la Cour des comptes, dans son rapport de juin 2018: «La situation d’ensemble des finances publiques françaises ressort détériorée de dix années de déficit supérieur à 3 points de PIB», avait indiqué celle-ci, évoquant «un risque modéré de dépassement lié à une réduction quasi inexistante du solde structurel». Et d’ajouter: «Pour les années 2019 à 2022, l’analyse de la loi de programmation des finances publiques (LPFP) 2018-2022 et du programme de stabilité qui en découle révèle plusieurs faiblesses qui pourraient en compromettre la réalisation.»

Le rabot budgétaire d’Emmanuel Macron n’est donc pas suffisant en période de ralentissement économique. Aprés avoir fustigé en juin le «pognon de dingue mis dans les minima sociaux et les gens ne s'en sortent pas », le président français n’a pas encore trouvé les moyens d’imposer une baisse réelle de dépense à l’Etat. A preuve: sa proposition de «revenu universel d’activité» à partir de 2019 pour les plus démunis, annoncée jeudi. Celui-ci fusionnera plusieurs prestations sociales existantes et remplacera différente allocations. Nouvelle enveloppe, mais même coût financier.