L’idée d’un frein aux dépenses sociales inscrit dans la Constitution fait son chemin au sein de l’administration fédérale. Pour Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch, directrice du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), des coupes dans l’allocation chômage ou dans l’assurance vieillesse ne peuvent se faire sans le soutien du peuple. «Une initiative allant dans ce sens ne passerait pas la rampe à l’heure actuelle, mais nous la prévoyons dans les quatre prochaines années», a-t-elle déclaré mardi soir lors d’une conférence organisée par la British Swiss Chamber of Commerce (BSCC) à Genève. C’est la première fois que cette proposition qui émane d’economiesuisse est reprise au plus haut niveau des fonctionnaires fédéraux.
La patronne du Seco a surtout donné les recettes qui permettent à la Suisse de croître alors même que les pays voisins sont plongés en récession. La toute première: la clause constitutionnelle sur le frein à l’endettement. «Il s’agit d’inculquer une discipline budgétaire tout en laissant la possibilité de faire des dépenses extraordinaires en cas de crise», a-t-elle expliqué. La dette de la Confédération s’élève à présent à 111 milliards de francs, soit 20,7% du PIB. Dans la zone euro, tous les pays dépassent la limite fixée à 60% du PIB. Marie-Gabrielle Ineichen a ensuite vanté la flexibilité du marché du travail grâce à laquelle la Suisse n’a qu’un taux de chômage de 3% alors qu’il est de 10% chez les voisins. Elle a défendu la subvention des emplois en période de crise afin d’éviter les licenciements. «En 2011, la Confédération avait prévu 500 millions de francs à cet effet, mais cette manne n’a pas été utilisée», a-t-elle déclaré.
Deux défis majeurs
Troisième clé de la réussite: un système d’éducation qui correspond aux besoins de l’économie et des entreprises qui participent à la formation des jeunes. Ensuite, l’innovation et la compétitivité, notamment des petites et moyennes entreprises qui constituent l’essentiel du tissu économique du pays. Marie-Gabrielle Ineichen a expliqué que Berne soutenait activement les projets de recherche qui renforcent la valeur ajoutée.
«Enfin, la Suisse est un petit marché intérieur, mais elle est une économie ouverte, a déclaré la cheffe du Seco. Nous prônons le multilatéralisme, mais, en l’absence de progrès dans le Cycle de Doha, nous négocions des accords bilatéraux de libre-échange.» Selon elle, de bonnes relations avec l’Union européenne (UE) sont primordiales du fait que celle-ci représente le plus grand marché – 70% – pour les exportations suisses. Elle a aussi fait écho des rapports tendus, ajoutant que Berne attend les réactions de Bruxelles sur ses propositions d’établir le cadre institutionnel pour régir les différends. Elle a aussi mentionné la libre circulation des personnes de nouveaux membres de l’UE comme un problème en Suisse.
Marie-Gabrielle Ineichen a enfin mentionné deux défis majeurs: un franc fort et une conjoncture mondiale déclinante nuisibles à l’économie suisse.