«La croissance mondiale semble se stabiliser […] mais elle reste faible et les risques d’une détérioration demeurent. Surtout, les tensions commerciales et géopolitiques se sont intensifiées», soulignent les ministres des Finances et banquiers centraux du G20, réunis ce week-end au Japon, dans ce texte consulté par l’AFP avant sa publication officielle.
Selon un haut responsable japonais, le sujet a dominé les débats des grands argentiers des économies majeures de la planète. «De nombreux pays ont exprimé leurs inquiétudes quant aux très importants risques que pose une escalade de la guerre commerciale pour la croissance mondiale», a-t-il déclaré à la presse, à l’issue des premières sessions de travail. «C’est un fait», et ces «risques» devraient figurer en bonne place dans le communiqué final.
Le ministre japonais Taro Aso, qui préside la réunion de Fukuoka (sud-ouest), a lui aussi mis en garde contre «une érosion de la confiance des marchés si l’incertitude persistait» dans les négociations entre les deux premières puissances mondiales.
«Une guerre commerciale aura sur notre économie, notre vie quotidienne, nos emplois un impact direct négatif que nous voulons absolument éviter», a insisté son homologue français, Bruno Le Maire, qualifiant le G20 de «bon forum pour discuter de ces sujets». Même discours alarmiste du côté de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). «Clairement, les tensions commerciales représentent un risque majeur à l’horizon», a-t-elle souligné dans une interview au quotidien économique japonais Nikkei. Selon les estimations du FMI, les tarifs punitifs imposés par Washington et Pékin, y compris ceux en vigueur depuis l’année dernière, pourraient réduire le PIB mondial de 0,5% en 2020.
Marge de manœuvre limitée des banques centrales
Avant la rencontre du G20, Christine Lagarde avait fait de ce dossier «la priorité absolue», exhortant les pays membres à maintenir une politique monétaire accommodante pour soutenir l’activité.
Réserve fédérale américaine (Fed), Banque centrale européenne (BCE), Banque du Japon (BoJ): les grandes banques centrales sont toutes sur le qui-vive, prêtes à agir si nécessaire, même si leurs marges sont limitées tant elles ont déployé des moyens en masse depuis la crise financière d’il y a 10 ans. Le gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda, a répété à Fukuoka sa vigilance face aux «incertitudes». Le conseiller fédéral Ueli Maurer et le président de la Banque nationale suisse Thomas Jordan représentaient la Suisse à cette réunion.
Le credo de Steven Mnuchin
Autour de la table, un homme s’est cependant démarqué de cette antienne. Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, tout en réitérant la menace d’infliger à la Chine des droits de douane supplémentaires, ne voit pas dans ce conflit commercial la cause de l’essoufflement mondial.
«Oui, il y a un ralentissement en Europe, en Chine et ailleurs. Mais je ne pense en aucun cas que le ralentissement observé dans plusieurs régions du monde soit la conséquence des tensions commerciales», a-t-il dit aux journalistes samedi.
Et si le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping parviennent à trouver un terrain d’entente lors du G20 prévu fin juin à Osaka, «ce sera une chose très positive pour la croissance économique, pour nous, pour la Chine, pour l’Europe, pour le reste du monde». «L’ouverture des économies tend à générer plus de croissance des deux côtés», a conclu Steven Mnuchin.
Il a en outre salué la conclusion d’un accord sur l’immigration par les Etats-Unis et le Mexique, levant la menace brandie par Donald Trump de tarifs douaniers de 5% sur l’ensemble des marchandises mexicaines. «Nous ne pourrions être plus satisfaits de l’accord que nous avons trouvé», a réagi le secrétaire au Trésor américain, le qualifiant de «très, très important».