Fonds
L’entité dirigée notamment Alfredo Piacentini, co-fondateur de Syz lance une nouvelle gamme de fonds

Une étape avait été franchie en juin dernier. Decalia Asset Management avait alors obtenu la licence LPCC, qui fait de cette société de gestion basée à Genève, une entité régulée par la Finma, l’autorité des marchés financiers. Désormais, un autre pas a été fait au début de cette année avec le lancement d’une gamme de fonds de placement, explique Alfredo Piacentini, directeur général et actionnaire de référence de cette structure qu’il a rejoint et renommée en octobre 2014. Il avait co-fondé la banque Syz en 1996, avant de la quitter en 2014.
Pour continuer à se développer, Decalia s’est entouré de deux nouveaux associés, s’ajoutant aux trois premiers. Le premier, Rodolfo De Benedetti, est président du groupe italien CIR, qui détient notamment le fabricant de composants automobile Sogefi et le quotidien L’Espresso, ancien de Lombard Odier et membre du conseil d’administration de Syz. Le second, Xavier Guillon, a été responsable d’Oyster, les fonds de placement de la banque Syz, et membre de son comité exécutif.
La nouvelle gamme de fonds a été lancée fin décembre et enregistrée pour l’instant au Luxembourg. Il s’agit notamment de stratégie dans les actions, mais aussi de fonds thématiques, avec un véhicule consacré aux entreprises bénéficiant de l’arrivée au pouvoir de la génération des «Millenials». «Ils achètent peu mais voyagent beaucoup, par exemple», explique Alfredo Piacentini. Cela se traduit par des positions dans des entreprises technologiques mais pas uniquement: «Nous investissons aussi dans des sociétés liées à l’économie de partage, dans Zara, H&M ou Easyjet» Pour le financier, c’est la même logique que pour les babyboomers, dont l’émergence a coïncidé avec l’envolée du titre Coca-Cola. «Il est difficile d’obtenir du rendement avec les taux d’intérêt proches de zéro, il faut donc trouver des thèmes originaux, qui nous permettent aussi de nous démarquer des grands établissements», a précisé Rodolfo De Benedetti, citant le thème de l’inefficience des marchés.
La société compte pour l’instant 16 personnes, y compris les cinq associés, mais continue d’embaucher, surtout des analystes, des gérants et des vendeurs. «Il est plus facile désormais de faire venir des spécialistes français par exemple, qui sont attirés par la santé économique suisse». Decalia va déménager en avril dans des locaux qui permettent à terme d’accueillir une quarantaine de personnes. La société, qui gère 1,2 milliard de francs, prévoit aussi de se développer en Europe, mais sans dire quel pays elle vise. «Du fait de la réglementation, il est important de s’implanter dans un pays membre pour bénéficier du passeport européen qui permet de vendre des produits dans toute l’Union», explique Alfredo Piacentini.
Jusqu’ici, la clientèle de Decalia était surtout privée. Désormais, les associés veulent viser les institutionnels. «Le segment de la gestion de fortune va continuer à croître, mais plus lentement que celui de la gestion d’actifs, surtout si vous trouvez les compétences et la capacité de distribution», estime Alfredo Piacentini, même si cela représente «un travail de longue haleine, car souvent les institutionnels cherchent des fonds qui ont un historique de trois ans et 100 millions de francs sous gestion au moins. Nous misons donc au début sur les family office ou les gérants indépendants qui n’ont pas forcément des critères aussi stricts.»