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George Bush confirme sa volonté de réformer la sécurité sociale et la fiscalité

Fort de sa majorité renforcée au Congrès, le président a des chances de faire passer son programme. La création d'un deuxième pilier américain inonderait les marchés financiers de nouveaux capitaux.

La simplification du code des impôts et la réforme de la sécurité sociale (retraite) figurent au sommet de l'agenda économique de George Bush. Fatigué mais toujours d'attaque, le président réélu a confirmé jeudi ses intentions lors d'une conférence de presse. Fort de sa double majorité renforcée au Congrès, il peut sérieusement espérer traduire dans les faits ces mesures potentiellement révolutionnaires.

Envisagée au tournant du siècle avant l'éclatement de la bulle du marché des actions, la privatisation de la sécurité sociale revient sur le tapis. La retraite par répartition américaine, l'équivalent de l'AVS en Suisse, est financée par un prélèvement de 12,4% sur l'ensemble des salaires. George Bush propose de verser la moitié de ces sommes sur des comptes au nom des salariés. Ces comptes ressemblant au deuxième pilier suisse compléteraient les comptes défiscalisés 401K, apparentés au troisième pilier. La mesure ne pourrait concerner, dans un premier temps, que les «jeunes» travailleurs, notion qui demeure floue à l'heure actuelle.

La création d'un deuxième pilier aux Etats-Unis aurait pour conséquence de canaliser des sommes phénoménales vers les marchés financiers. Ce serait une aubaine pour les gérants de fortune, mais aussi un défi. Trouveront-ils suffisamment d'actifs de qualité pour investir tout cet argent?

Impôt sur la consommation

A plus court terme, le tarissement du flot d'argent alimentant les comptes bancaires des personnes déjà retraitées ou en passe de le devenir laisserait un déficit supplémentaire. La banque Goldman Sachs l'estime entre 1000 et 2000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. Il reviendrait sans doute à l'Etat de renflouer la sécurité sociale. Pour mémoire, le déficit public américain en 2004 est estimé à 413 milliards de dollars. «La semi-privatisation de la sécurité sociale réduirait le rôle redistributif de cette institution», note la banque qui s'attend à une forte opposition des démocrates.

La remise à plat de la fiscalité, autre grand chantier envisagé par George Bush, n'est pas moins controversée. «Notre code des impôts est compliqué et dépassé», a-t-il déclaré jeudi. La simplification devrait passer par la suppression des nombreuses exonérations qui emplissent les milliers de pages du code des impôts. «Je ne crois pas qu'il faille augmenter les impôts», a cependant assuré le président. Un abaissement général des taux d'imposition pourrait compenser les exonérations disparues.

Les républicains ont dans leurs cartons des mesures bien plus radicales. Par exemple, un impôt sur la consommation pourrait remplacer l'impôt sur le revenu. Mais cette TVA à l'américaine, impôt par essence davantage supporté par les moins riches, ne serait pas à l'ordre du jour pour le moment, selon Glenn Hubbard, un ancien conseiller économique du président cité jeudi par le Financial Times.

«Tax cuts» controversées

En revanche, l'inscription définitive des allégements fiscaux votés au cours du premier mandat sera au menu des parlementaires, vraisemblablement dès janvier prochain. Les démocrates ont abondamment décrié ces 1900 milliards de «tax cuts» sur dix ans qui ne profitaient, selon eux, qu'aux riches. La partie n'est pas gagnée d'avance pour George Bush car, pour prolonger ces mesures au-delà de 2009 et 2011, une majorité de 60 sénateurs est requise. C'est cinq de plus que la majorité dont disposent les républicains.

L'effet qu'aurait la pérennisation des «tax cuts» sur les déficits promet d'enflammer les discussions. Selon la commission budgétaire du Sénat, il en résulterait un doublement du déficit public de 2300 milliards à 5500 milliards au cours de la prochaine décennie. A plus court terme, George Bush a promis de réduire de moitié le déficit public en quatre ans. L'objectif paraît difficile à atteindre alors que le coût des opérations en Irak et en Afghanistan, environ 100 milliards par an, n'a pas été pris en compte dans les projections.