La prolifération spectaculaire des fonds de placements dits «passifs» tels que les ETFs au cours de ces dix dernières années s’est accompagnée d’un débat de plus en plus acharné sur la question de savoir si la gestion passive est supérieure à la gestion active. Ce débat nous paraît quelque peu exagéré, voir contreproductif. Il met en opposition deux styles de gestion, comme si l’un ne pouvait aller de pair avec l’autre. Ne vaudrait-il pas mieux, chercher à les combiner opportunément en fonction des objectifs recherchés?

L’ETF est l’exemple par excellence d’un produit de gestion passive.

De multiples études ont été menées qui pour la plupart en arrivent à conclure que la gestion active n’est pas capable, après déduction des frais, de produire des résultats supérieurs à ceux d’une gestion de type passive. Reste qu’il est difficile d’en faire une démonstration rigoureuse, en partie parce que l’évaluation de la qualité de chaque gestion est très dépendante des objectifs très spécifiques de l’investisseur (tel que la maximisation du rendement absolu ou ajusté au risque ou la conservation du capital).

L’ETF est l’exemple par excellence d’un produit de gestion passive. Un ETF cherche à reproduire un indice prédéterminé, et à le suivre le plus efficacement possible. Il en résulte des coûts d’exploitations plus faibles qui profitent à l’investisseur, mais qui s’accompagnent également d’une relative inflexibilité, la performance étant dictée par l’indice sous-jacent. L’investisseur se retrouve pleinement exposé aux aléas de la volatilité de cet indice.

La gestion active englobe deux grands types d’approches. D’une part il y a les gérants se mesurant par rapport à un benchmark donné et cherchant à le surperformer. D’autre part il existe des fonds d’investissement ayant pour objectif de générer des rendements absolus indépendants de l’évolution à la hausse ou à la baisse de leurs marchés sous-jacents. Ce type d’approche est très souvent à la base de stratégies employées par des hedge funds.

Un hedge fund peut employer des stratégies sous-jacentes multiples et diverses. Si bien que ces dernières années, les critiques se font plus nombreuses pour dénoncer une corrélation de plus en plus importante entre certains de ces fonds avec leurs indices références. Il n’est plus rare aujourd’hui de voir des hedge funds de type «long-short equity» corréler à plus de 70% avec un indice action. Pourquoi investir dans ce type de fond aux frais beaucoup plus élevés si les rendements délivrés sont sensiblement égaux à ceux d’un ETF répliquant l’indice (et beaucoup moins onéreux)? Un produit de gestion active se doit d’offrir à ses investisseurs un profil de rendement qui n’est pas déjà accessible ou reproductible via des produits passifs.

Dans un environnement de marché actions à la baisse, un fond indiciel sera naturellement exposé à une volatilité élevée pouvant générer des pertes significatives. Pareillement un gérant actif qui ne saurait prendre des mesures de couverture contre la baisse aura tout autant de mal à générer un rendement positif. Ce gérant arrivera peut-être à battre son indice de référence de quelques points. Mais que vaut cet «exploit» quand le marché vient de perdre 20%? Ne vaut-il pas mieux investir directement dans un ETF répliquant l’indice? Est-il plus important de «battre» l’indice que de perdre 20% (ou un peu moins) en absolu?

La gestion active apporte une réelle valeur ajoutée dès lors qu’elle est capable de proposer une alternative aux produits passifs dans un environnement de marché donné. Dans un marché de type baissier, un fond de couverture à la recherche de rendements absolus peut représenter une alternative intéressante. Certes des frais de gestion plus importants sont à prendre en compte, mais à rapporter à la valeur-ajoutée proposée par la stratégie. Une gestion de portefeuille prudente contrôlant les risques requiert de trouver des produits de gestion capables de générer des rendements absolus dans ces phases de marchés là.

Au final il parait dommageable de se priver d’un type de gestion au profit de l’autre. Gestions active et passive ont toutes les deux des arguments à faire valoir au sein d’un portefeuille diversifié, chacune pouvant apporter des caractéristiques de rendement qui lui sont propre. Les produits de gestion passive ont démocratisé l’accès à de nombreux marchés. Dans cet environnement, plus que jamais, un gestionnaire actif se doit d’offrir à ses investisseurs des rendements qui restent inaccessibles via l’utilisation de ces produits passifs. C’est à ce prix, en apportant une forte valeur ajoutée par la diversification, que la gestion active trouvera sa place au sein des portefeuilles d’investissement actuels.