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Glencore mise gros sur le pétrole de la mer du Nord

Le négociant zougois aurait acheté d’importantes cargaisons de Brent ces derniers mois. Il s’apprêterait également à signer un accord avec les autorités iraniennes

Le baril de Brent a déjà gagné près de 30% depuis le début de l’année. — © AFP Photo
Le baril de Brent a déjà gagné près de 30% depuis le début de l’année. — © AFP Photo

Glencore s’intéresse de très près au marché du Brent, ce pétrole provenant de quatre gisements de la mer du Nord (Brent, Forties, Oseberg et Ekofisk) et dont le prix sert de référence même s'il ne représente qu'une infime partie de la production mondiale (environ 1 million de baril par jour). Selon un article de Reuters publié vendredi, le géant du négoce basé à Zoug détiendrait aujourd’hui plus d’un tiers des 37 cargos dont le chargement est prévu pour le mois de juin. Le groupe prévoirait même d’en acquérir davantage, selon une source de l’agence de presse.

Du coup, les spéculations vont bon train pour savoir ce qui se trame dans la tête des dirigeants de la société. D’autant plus que ce n’est pas la première fois ces derniers mois que Glencore est suspecté de «stocker» du pétrole sur des bateaux. En janvier déjà Bloomberg avait rapporté que le négociant disposait «d’au moins quatre pétroliers, avec 2 millions de barils chacun, au large de la Malaisie et de Singapour».

Pour les observateurs, la stratégie de Glencore viserait notamment à profiter du contango, une situation dans laquelle les prix à termes sont plus élevés que pour une livraison immédiate. Certains, à l’instar du blog financier Zero Hedge, allant même jusqu’à parler de manipulation des prix. L’offre de Brent devrait en effet se réduire au mois de juin - en raison de travaux de maintenance dans le gisement d’Ekofisk au large de la Norvège, selon Reuters – si bien que les prix pourraient encore monter d’ici là. Le baril de Brent a déjà gagné près de 30% depuis le début de l’année, passant de 37.2 à 47.8 dollars.

Accord avec Téhéran?

Glencore ne s’intéresse pas qu’au pétrole de la mer du Nord ces derniers temps. Dans une interview au Wall Street Journal jeudi, un responsable de la compagnie nationale iranienne de pétrole (NIOC) indique que son pays est sur le point de signer des accords de longue durée, pour la vente de brut, avec deux sociétés basées en Suisse: Glencore et Vitol. Glencore serait par ailleurs l’une des premières entreprises occidentales à avoir acheté des produits pétroliers iraniens – mais pas de brut – depuis la levée des sanctions au mois de janvier, assure le journal.

Contacté vendredi, Glencore n’a pas souhaité commenter ces informations. Pour mémoire, le groupe a enregistré une perte de 8,1 milliards de dollars (8,3 milliards de francs) en 2015 tandis que son chiffre d’affaires a chuté de 23% à 170 milliards de dollars. Ses activités de négoce et de courtage ont quant à elles reculé de 11% à 2,7 milliards de dollars. Durant cet exercice, le groupe zougois a non seulement souffert de la baisse des cours mais aussi et surtout d’une importante dépréciation de ses actifs, d’effets de change défavorables ainsi que d’amortissements.