Google ne tolère aucun obstacle face à sa voiture autonome
Innovation
Le moteur de recherche s'insurge contre un projet de loi en Californie. Il devra en plus faire face à la concurrence future d'Uber, dans lequel il a investi

La Californie était jusqu’à présent perçue comme l’un des Etats américains les plus ouverts aux nouvelles technologies. Mais cela pourrait changer. Cette fin de semaine, le Département des véhicules à moteur (DMV) a édicté de nouvelles règles pour les véhicules autonomes contre lesquelles Google s’est immédiatement insurgé. Le moteur de recherche ne tolère aucun obstacle pour percer dans ce marché qu’il pourrait créer en 2016.
Pressentant que les véhicules autonomes pourraient entrer dans les prochains mois dans une phase commerciale, le DMV a rendu public un projet de règles pour les encadrer. Dans ces voitures, il faudra en tout temps une personne équipée d’un permis de conduire. Celle-ci devra avoir la capacité, en tout temps, de reprendre le contrôle du véhicule de manière classique. En cas d’accident, seul le conducteur sera tenu comme responsable. Des experts indépendants devront inspecter les véhicules, et le permis qu’ils délivreront sera d’abord valable trois ans. La nouvelle loi impose aussi aux concepteurs de véhicules autonomes de les protéger contre d’éventuelles cyber attaques.
Méfiance envers les humains
Cet encadrement législatif, qui devrait entrer en vigueur fin 2016, n’a pas du tout plu à Chris Urmson, responsable du projet des voitures autonomes chez Google. Selon lui, les nouvelles règles risquent de «placer un plafond au-dessus du potentiel des véhicules autonomes». Selon le responsable, le mode de conduite autonome partiel, lorsque la voiture et le conducteur se partagent le contrôle, est dangereux. Car «on ne peut pas faire confiance aux humains de conduire de temps à autre leur véhicule alors que ce dernier leur enjoint de se relaxer». Google affirme par ailleurs que 94% des accidents impliquant des voitures classiques sont dus à des erreurs humaines. Aux Etats-Unis, 33 000 personnes perdent la vie chaque année sur la route.
Google assène un autre argument: si la Californie devait adopter une loi aussi restrictive, elle empêcherait des personnes ne pouvant conduire – telles des personnes âgées – de pouvoir ainsi se déplacer. Le moteur de recherche a d’ailleurs été immédiatement soutenu par une fondation basée en Californie, accusant la loi de discriminer des individus souffrant de handicaps.
Avantage au Texas?
Du coup, Google, qui a fait circuler dans le cadre de test ses véhicules sur près de deux millions de kilomètres, pourrait migrer une partie de ses activités au Texas, selon un professeur de droit interrogé par «Wired». Les véhicules circulent aux alentours de San Francisco, mais aussi à Austin.
Google fait en parallèle face à une concurrence accrue. Cette semaine, Ford a annoncé vouloir tester début 2016 des voitures autonomes. Onze sociétés font déjà circuler de tels véhicules sur les routes de Californie. En parallèle, toujours cette semaine, George Hotz, hacker célèbre pour avoir piraté l’iPhone dès 2007, a présenté à Bloomberg son kit pour transformer toute voiture classique en véhicule autonome pour quelques milliers de dollars.
Risque de vampirisation
Ces concurrents, Google espère les devancer en créant, début 2016, une unité entièrement dédiée aux voitures sans conducteur, affirmait cette semaine Bloomberg. L’unité serait directement rattachée à la direction d’Alphabet, la holding de Google. Le but serait d’accélérer le développement des prototypes est de passer à une phase commerciale proche, en visant d’abord des campus, des bases militaires ou de sites d’entreprise s’étendant sur de grandes surfaces. En septembre, Sergey Brin, fondateur de Google, avait suggéré que les voitures, utilisées comme un service, reviennent chaque soir dans les garages de Google. Interrogé par Bloomberg, un analyste de IHS Automotive estimait que la société pourrait aussi vendre sa technologie aux constructeurs classiques d’automobiles. Avec le risque pour eux de se faire vampiriser par le moteur de recherche.
En parallèle, Uber, selon Bloomberg, serait en train d’investir dix milliards de dollars pour développer ses propres véhicules. La société de San Francisco, dans laquelle Google a investi, pourrait ainsi lui faire de l’ombre. Uber s’est d’ailleurs approché de l’un de ses gros concurrents, Facebook, en permettant à certains de ses utilisateurs de commander des véhicules via son assistant «M».