A cette décision s'ajoute une série de mesures tournant autour de la «propriété partagée» (shared ownership), où l'acheteur n'acquière qu'une partie du logement, tandis que l'organisme d'aide achète la partie restante. L'Etat propose notamment de prêter jusqu'à 30% de la valeur du logement, la banque avançant les 70% restants. Le prêt de l'Etat est exempté d'intérêt pour cinq ans. De même, les ménages qui sont déjà propriétaires mais qui n'arrivent plus à rembourser leur prêt, pourront vendre une partie de leur logement - voire son intégralité - à une autorité locale et payer à la place un loyer.
Mais aucune de ces mesures n'est financée avec de l'argent nouveau: il s'agit simplement de dépenses avancées d'un ou deux ans. De plus, ce plan de sauvetage risque d'avoir peu d'effets concrets. «L'économie réalisée en ne payant pas la taxe sur la transaction immobilière est faible par rapport à l'économie réalisée en attendant que les prix baissent encore plus», analyse Jonathan Loynes, économiste à Capital Economics. En d'autres termes, ce ne sont pas ces mesures qui devraient décider les primo-accédants à acheter...
Marché quasiment gelé
Gordon Brown, qui visitait hier dans l'ouest de Londres un appartement acheté suivant la méthode de la «propriété partagée», a d'ailleurs pris grand soin de ne pas faire de grandes promesses. «Nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider le marché immobilier, mais la situation est difficile», explique-t-il.
Après un triplement en quinze ans, les prix immobiliers ont perdu plus de 10% depuis un an. De plus, le marché est quasiment gelé: le nombre de nouveaux prêts immobiliers en juillet est en baisse de 71% par rapport à l'an dernier. Le problème vient avant tout de la difficulté des ménages britanniques à obtenir des emprunts, les banques étant touchées par la crise du crédit.
A cela s'ajoute la pire situation économique de Grande-Bretagne depuis au moins 1992. Selon l'OCDE, le pays entre actuellement en récession, avec une contraction du PIB prévue au deuxième semestre. L'explication est avant tout internationale, avec la crise du crédit d'une part et la hausse des matières premières d'autre part. Mais la situation est pire en Grande-Bretagne, en partie parce que le secteur financier est très important pour son économie, mais aussi parce que les ménages britanniques sont très endettés.
Downing Street devrait annoncer d'autres mesures dans les jours qui viennent, notamment pour aider les ménages à faire face à la hausse des factures d'électricité et de gaz. Mais un vrai plan de relance est presque impossible. La banque d'Angleterre peut difficilement baisser ses taux d'intérêt tant que l'inflation dépasse 4%. Et les coffres du gouvernement sont vides.