Zlatan Ibrahimovic, de l’AC Milan. Ricardo Kaka, du Real Madrid. Fernando Torres, du FC Chelsea ou encore Carlos Tevez, de Manchester City. Quatre grands noms du football européen qui se distinguent. Par leur talent, parfois, mais aussi par les pertes de transferts qu’ils ont et vont engendrer au cours de leur carrière.

Ils ont beau aligner les beaux gestes et/ou les buts. En termes purement financiers, ils ne sont pas de bons investissements pour leurs employeurs.

En 2009, Zlatan «Ibra» est arrivé au FC Barcelone pour la modique somme de 70 millions d’euros. Deux ans plus tard, il était revendu à l’AC Milan pour 30 millions. Ricardo Kaka, que la rumeur envoie à Paris, cet hiver, valait 65 millions quand le Real l’a fait venir, en juillet 2009. Dix-huit mois plus tard, la valeur marchande du Brésilien de 29 ans n’est plus estimée qu’à 30 millions.

Encore? Fernando Torres, arraché pour 59 millions à Liverpool en début d’année, n’en vaut déjà plus que 42. Si bien que certains médias locaux ironisent sur «l’arnaque Torres». Enfin, l’Argentin Carlos Tevez devrait rejoindre les rangs milanais durant le mercato d’hiver qui débute le 1er janvier. Il est arrivé à Manchester City pour une somme avoisinant les 30 millions d’euros. Selon les rumeurs actuelles, il quitterait son club pour… un prêt. Prêt qui devrait se conclure, plus tard, par un transfert définitif éminemment moins élevé que 30 millions.

En dépit de la toute proche entrée en vigueur du fair-play financier prôné par l’UEFA – «un club ne doit pas dépenser plus que ce qu’il gagne» –, la traditionnelle période hivernale dévolue aux échanges de joueurs donnera lieu à des dizaines de transactions à six, voire à sept chiffres. Les rêves de grandeur des propriétaires de clubs leur feront, une fois encore, négliger un aspectbien connu mais rarement chiffré de ces périodes d’emplettes un peu folles: les grands clubs de football sont et restent de bien mauvais négociants de joueurs. Rares sont les grandes transactions qui, en termes de plus-value, débouchent sur un résultat probant. Dans ce marché des talents hautement volatil, les «pertes de trading» sont même monnaie courante.

Dans un ouvrage paru en 2009, Rafaele Poli, collaborateur scientifique collaborateur du Centre international d’étude du sport (CIES), à Neuchâtel, mettait à jour ce qu’il convient de qualifier de débâcle financière: entre 2005 et 2009, les clubs des cinq meilleures ligues européennes ont essuyé une perte globale de presque 2 milliards d’euros entre les achats et les reventes de joueurs. Durant ces quatre ans, aucune des dix plus grandes équipes du continent n’affichait un bilan positif de ses opérations de transferts.

Bien sûr, ces statistiques ne tiennent pas compte de l’usure et du vieillissement des grands joueurs, ni des retombées financières directement générées par la présence d’une star du ballon rond (billetterie, vente de produits dérivés, droits d’image). Ces chiffres gardent toutefois une certaine pertinence.

Ainsi, c’est sans grande surprise que les acteurs de la Premier League anglaise étaient les plus dépensiers, avec 2,5 milliards d’euros d’achats, soit 37% du total européen. Ils étaient aussi les plus mauvais créateurs de valeurs, puisque Chelsea, Manchester, Liverpool et les autres accusaient presque 60% du déficit enregistré à l’échelle européenne. Le «meilleur» résultat provenait toutefois d’outre-Manche. Le club londonien d’Arsenal, dont la politique se fonde «sur le talent de jeunes joueurs, souvent recrutés mineurs et à un coût relativement faible», rappelle Rafaele Poli, n’a perdu que 12,4 millions d’euros en quatre saisons. Mais il n’a gagné aucun titre…

A l’opposé, le Real Madrid affichait une «perte de négoce» de 233,1 millions d’euros durant cette période. Au cours des deux saisons suivantes, le toujours très opulent club de la capitale espagnole a même aggravé son cas. Entre ses cessions et ses acquisitions, dont celle de Cristiano Ronaldo, il a perdu 340 millions d’euros. Ou dépensé, c’est selon.

Fernando Torres a été payé 59 millions, début 2011. Il n’en vaut plus que 42. Les médias ironisent sur «l’arnaque Torres»