Plonger sa main dans la caisse bleue prévue à cet effet, et en retirer le petit format lu en vingt minutes. Ce geste, de plus en plus de suisses alémaniques le font chaque matin. Dès 9 ou 10 heures, les présentoirs situés aux arrêts de train, de tram et de bus des grandes agglomérations sont vides. Preuve d'un succès sans pareil pour le journal gratuit 20 Minuten.

Le groupe multimédia zurichois Tamedia, qui a acquis début janvier la totalité du capital de 20 Minuten, a de quoi se réjouir. 782 000 pendulaires lisent chaque jour le titre, selon les estimations publiées pour 2004.

Lancé en décembre 1999 à Zurich, le gratuit connaît un développement impressionnant et ininterrompu. Le nombre de ses lecteurs a plus que doublé ces trois dernières années pour un chiffre d'affaire de 62,5 millions de francs l'année passée, en augmentation de 33% par rapport à 2003. Alors même que les dépenses publicitaires se sont effondrées depuis 2001.

Tout d'abord distribué dans les trois grandes villes de Zurich, de Bâle et de Berne, une édition régionale de 40 000 unités couvrant les villes de Lucerne, de Zoug et des alentours est disponible depuis l'été passé. Pour ce faire, une rédaction locale a été mise sur pied. Quant à celle de Zurich, elle va s'installer dans le nouveau centre des médias de Tamedia au coeur de la ville.

Depuis que le titre fait partie du groupe, «des synergies peuvent être trouvées, dans la comptabilité par exemple, mais il s'agit pour nous de garder l'esprit et la fraîcheur du titre», affirme Martin Kall, directeur de Tamedia. Avant de viser le marché suisse romand, Tamedia souhaite implanter 20 Minuten à Saint-Gall ce printemps. «Le potentiel de 20 Minuten n'est pas encore épuisé dans les régions où il est distribué», indiquait Martin Kall du fait que les recettes publicitaires suivent le développement du tirage d'un titre.

Battu sur son propre terrain, le fameux Blick était dans l'obligation de réagir face à la déferlante 20 Minuten. «En juin dernier, nous avons aussi adopté un format tabloïde, et nous avons développé une nouvelle ligne rédactionnelle qui permet de différencier encore plus le Blick d'autres concurrents», explique Myrta Bugini, en charge de la communication chez Ringier.

Fort de l'expérience gagnée avec le gratuit, le Tages-Anzeiger innove. Depuis fin février 2005, les lecteurs de la rive gauche du lac de Zurich bénéfie d'un complément tabloïde régional en plus de leur quotidien. «Ce projet pilote se passe bien et c'est un premier pas», indiquait le directeur de ce journal, Martin Kall, et d'ajouter «que nous allons réfléchir avant d'étendre l'expérience aux autres régions de Suisse».