Groupe Bruxelles Lambert est entré chez SGS «pour y rester»

Certification Le nouvel actionnaire du groupe genevois détaille la transaction à 2 milliards

Gérard Lamarche confie que GBL lorgnait sur SGS depuis au moins quatre ans

Mardi en soirée, Groupe Bruxelles Lambert (GBL) a publié ses résultats pour le premier semestre 2012 (lire l’encadré). Six mois marqués, notamment, par l’acquisition de 15% du capital de SGS. «C’était une opportunité unique d’investir dans une société qui correspond à 100% à nos critères, avec sa présence mondiale, son leadership dans une industrie attractive, une équipe de direction expérimentée et, qui plus est, avec son rendement du dividende très intéressant (ndlr: 3%)», énumère Gérard Lamarche.

Ainsi, l’administrateur délégué de GBL, nommé au conseil du groupe genevois le 10 juillet dernier, dit n’avoir «aucun regret» sur le prix d’entrée concédé par la holding appartenant à Albert Frère: 2 milliards d’euros, soit 2128 francs suisses par titre. «L’action est loin de son record historique de 2450 francs, relativise le responsable. Ce prix est justifié, tenant aussi compte du fait que SGS est un très bel actif, non endetté, avec de belles perspectives de croissance et de consolidation dans un marché très fragmenté…»

Investir dans le groupe genevois d’inspection et de certification, c’est une idée qui ne date pas d’hier chez GBL. Une opportunité s’était déjà présentée en 2009, lorsque la famille Von Finck, l’autre actionnaire de référence de l’entreprise, avait vendu une part de ses actions. «Nous sortions de la crise des «subprime», la situation était un peu particulière…», explique le dirigeant belge, âgé de 52 ans, pour justifier le fait que l’opération ne se soit finalement pas concrétisée. Depuis, poursuit-il, «nous n’avons jamais cessé de regarder SGS. Y investir faisait partie de nos cinq priorités.»

Quatre ans plus tard, le rapprochement se matérialise. La famille Agnelli, via sa holding Exor, se déclare vendeuse de ses 15% d’actions. «Nous ne les savions pas vendeurs, et eux ne nous savaient pas acheteurs», sourit aujourd’hui Gérard Lamarche. «Exor nous a laissé trois semaines pour réfléchir et pour lui proposer une offre», confie-t-il également.

La transaction est finalement annoncée en juin dernier. Pour GBL, ce rachat constitue la figure de proue du grand processus de réorientation stratégique de son portefeuille. Une démarche qui a été entamée depuis 18 mois environ, avec l’arrivée de Gérard Lamarche et de l’autre administrateur délégué de la holding, Ian Gallienne, qui ont pris les rênes, aux côtés de Albert Frère, de la société. Objectif affiché: «Rééquilibrer le portefeuille entre rendement et croissance, assurer la rotation du portefeuille et diversifier les investissements, tant sur le plan géographique que sectoriel.»

Si Gérard Lamarche signale que «les ajustements ne sont jamais terminés», car GBL «gère ses participations de manière active», il ne se voit pas revendre les actions SGS de sitôt. «Nous sommes restés dans certains groupes pendant plus de 20 ans, rassure-t-il. Pour certains, comme Total par exemple, nous avons participé à leur développement et à leur transformation.»

Sans exclure aucune option, il veut délivrer un message clair: GBL est venu pour rester. Ce d’autant qu’il s’estime très bien accueilli, tant par le management de l’entreprise que par les autres actionnaires. Ainsi, l’entente avec la famille Von Finck promet d’être cordiale. «Nous les avons consultés avant l’opération. Cela n’aurait pas pu se concrétiser autrement que dans un état d’esprit amical. Nous procédons d’ailleurs toujours ainsi», insiste Gérard Lamarche.

Des rapprochements amicaux, ils pourraient aussi y en avoir entre SGS et les autres groupes industriels dans lesquels GBL est actionnaire, comme GDF Suez, Total ou Lafarge. «Nous les mettrons bien sûr en contact. Mais ce n’est pas ce qui nous a motivés. L’investissement dans SGS se justifie à lui seul», conclut Gérard Lamarche.

«L’opération n’aurait pas pu se concrétiser autrement que dans un état d’esprit amical»