La Guinée signe un projet à 20 milliards avec Rio Tinto

Mines Feu vert au gisement de Simandou, dont le groupe de Beny Steinmetz a été évincé

Un mois et demi après l’éviction de BSGR – groupe minier lié à Beny Steinmetz, un milliardaire installé à Genève – du massif de Simandou, la Guinée annonce le démarrage officiel des travaux sur l’autre partie de ce gisement de minerai de fer. Conakry a signé lundi un «cadre d’investissement» avec le géant Rio Tinto, ce dernier étant accompagné du groupe étatique chinois Chinalco et de la SFI, une entité de la Banque mondiale. Actionnaire à hauteur de 7,5% du projet, l’Etat guinéen pourra monter à 35% des parts dans les vingt ans à venir.

Estimée à 20 milliards de dollars – elle comprend la construction d’une voie ferrée de 650 kilomètres et d’un port – la partie méridionale du massif de Simandou est présentée comme le «plus grand projet intégré jamais réalisé en Afrique». La présidence du pays a qualifié hier l’investissement de «priorité nationale allant bien au-delà des mines». Selon les prévisions de Rio Tinto, la mine devrait apporter, à terme, 7,6 milliards par an à l’un des pays les plus pauvres d’Afrique – soit 30% de plus que son actuel produit intérieur brut annuel.

Enquête pour corruption

Présent depuis dix-huit ans sur Simandou, le conglomérat anglo-australien y a dépensé 3 milliards de dollars. Il y a deux ans, Rio Tinto est arrivé à un accord avec le nouveau gouvernement d’Alpha Condé, lui permettant de poursuivre le projet, contre le versement de 700 millions de dollars.

Le groupe minier s’était vu retirer la moitié septentrionale du gisement par la précédente junte au pouvoir. Cette partie avait été confiée à BSGR, le groupe lié à Beny Steinmetz. Les conditions dans lesquelles ces blocs miniers ont été obtenus font l’objet d’une enquête des autorités américaines, à laquelle participe la justice genevoise. Par la suite, BSGR s’était associé au géant brésilien Vale, qui a été blanchi de tout soupçon.