Tout juste rentré en France, Hervé Falciani a livré ses états d’âme dimanche dans une interview accordée à Mediapart. L’ancien informaticien de la banque privée de HSBC à Genève sera auditionné demain «à huis clos par la commission des lois de l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi sur la fraude fiscale, actuellement en discussion au Parlement», rapporte le site d’information en ligne.

Celui qui avait livré à la justice et fisc français des milliers de données bancaires en 2009 est désormais sous la protection de la gendarmerie nationale après que l’Espagne a refusé de l’extrader en Suisse le 8 mai dernier. Arrêté le 1er juillet 2012 sur un voilier au large de Barcelone, il était depuis détenu par les autorités espagnoles.

Hervé Falciani raconte avoir rencontré la procureure fédérale Laurence Boillat et le procureur général Carlo Buletti en février 2012. «Dans le plus grand secret.» A cette époque, la justice suisse avait émis un mandat d’arrêt à son encontre. «Toutes les personnes que j’avais consultées sur le sujet s’opposaient à ce que j’y aille [en Suisse], redoutant un mauvais coup, relate-t-il. Mais j’y suis allé, accompagné de mes avocats.» La rencontre se serait déroulée dans un salon VIP de l’aéroport de Genève. Hervé Falciani aurait reçu un sauf-conduit à la frontière lui garantissant de pouvoir ensuite regagner la France.

«Il s’agissait de trouver un terrain d’entente et une voie qui pourrait convenir aux deux parties, précise-t-il. […] Pendant plusieurs heures, ils exposent leur position sur une entente à l’amiable qui me permettrait de sortir coupable et condamné, mais sans prison ferme. En bref, j’aurais pu aider à enterrer l’affaire, évitant ainsi les risques de représailles. J’ai choisi de ne pas me taire, quitte à payer le prix fort.»

Le prix fort, Hervé Falciani estime le payer depuis l’éclatement de l’affaire. «Lorsque j’ai commencé à collaborer avec les autorités françaises, mes ennuis ont commencé, raconte-t-il. Nous nous sommes retrouvés, ma famille et les personnes qui voulaient m’aider, en situation de plus en plus précaire, de plus en plus exposées, et ce pour avoir simplement aidé à l’intérêt général.» Sa femme aurait ainsi perdu son emploi suite à la diffusion de l’émission Cash Investigation le 11 juin sur France 2.