Dans la nuit de dimanche à lundi, les manifestants s’étaient livrés à un blocage des locaux du gouvernement, dans des heurts violents avec la police. Ils avaient justifié ce recours à la violence par le fait que le pouvoir local ne leur laissait aucune alternative, refusant toute forme de concession au sujet de l’élection du prochain chef de l’exécutif, en 2017. Mais cette stratégie semble avoir nui un peu plus à leur popularité, déjà déclinante. La grève de la faim annoncée par ces étudiants donne donc une tournure potentiellement sombre à ce qui s’apparente de plus en plus à l’agonie du mouvement étudiant hongkongais.
Tokyo se moque de l’abaissement de sa note souveraine
Pour Moody’s, la qualité de la dette souveraine de la troisième puissance économique mondiale est désormais similaire à celle de la République tchèque ou des Bermudes. L’agence de notation a baissé, lundi, d’un cran la note du Japon, pour la faire tomber à «A1» contre «Aa3» précédemment. Le pays, qui enchaîne les déficits budgétaires et fait face à une dette publique équivalant à près de 250% de son PIB, est désormais jugé financièrement plus risqué que la Chine ou la Corée du Sud pour les grands investisseurs institutionnels. Et pourtant, à Tokyo, les marchés se moquent, une fois encore, ce matin, de ces jugements critiques des grandes agences de notation internationales.
A la mi-journée, l’indice Nikkei était stable et les taux des obligations d’Etat continuaient d’évoluer à des niveaux planchers. Les analystes ne semblant pas croire que les inquiétudes de Moody’s pourraient avoir le moindre impact sur le marché de la dette nippone à court terme. Tous rappellent que les notes des obligations du pays ont été régulièrement dégradées depuis 2011 par les grandes agences internationales – Moody’s, Standard & Poor’s ou encore Fitch –, et pourtant les taux de la dette à dix ans, qui réagissent habituellement dans les autres pays à ces abaissements, n’ont jamais connu de mouvement dramatique sur la place de Tokyo.
Pour justifier sa dégradation, l’agence pointe «une incertitude accrue quant à la capacité du Japon à atteindre ses objectifs de réduction de déficit budgétaire» et exprime ses doutes sur l’opportunité du «calendrier et l’efficacité des mesures de relance de la croissance dans un contexte de pressions déflationnistes». Mais le marché obligataire japonais continue d’évoluer en vase clos, isolé des pressions et des logiques internationales, et son acteur principal, la Banque du Japon, continue d’acheter, à n’importe quel prix, la quasi-totalité de la dette émise par l’Etat. En novembre, la banque, qui orchestre, en accord avec le gouvernement de Shinzo Abe, un gigantesque programme d’assouplissement quantitatif pour tenter de relancer la croissance et de sortir le pays de la déflation, avait ainsi acheté, selon les calculs de Reuters, 11 200 milliards de yens (76 milliards d’euros) de bons du Trésor, quand le Ministère des finances n’en avait émis que 10 700 milliards de yens. Avec un tel programme d’achat, qui doit encore être accéléré dans les prochains trimestres, les taux des obligations ne connaissent pas de pression à la hausse.
Les profs chinois se plaignent de leurs salaires
De façon surprenante, c’est le Global Times, très officiel quotidien chinois, qui relaie l’information: en Chine, plusieurs mouvements de grève ont secoué, ces derniers mois, les milieux de l’éducation. Des milliers d’enseignants ont ainsi cessé le travail pour demander des hausses de salaire ou la restitution de fonds qu’ils avaient été obligés de donner pour la création d’un nouveau mécanisme régional de financement des retraites. Dans la province septentrionale du Heilongjiang, un groupe de grévistes a manifesté jusqu’aux locaux du gouvernement du comté de Yilan, tandis que des enseignants du primaire et du secondaire cessaient le travail dans cinq autres comtés de la région. Certaines écoles étaient d’ailleurs fermées lundi. Sur les réseaux sociaux, des photos ont circulé, montrant 4000 grévistes portant des panneaux exigeant la restitution de l’argent qu’ils ont dû confier pour un fonds de retraite, en même temps que des hausses salariales.
Ce mouvement illustre l’évolution du rapport de force en Chine, sur le marché du travail. Bien que la création de tout syndicat indépendant soit impossible en Chine, le rapport de force y évolue progressivement à la faveur des travailleurs. Cela n’a pas empêché les écoles de menacer les grévistes de les licencier, ou de les pénaliser au plan de l’avancement de carrière. Mais les professeurs sont convaincus de la légitimité de leurs demandes. L’AFP note ainsi qu’il y a quelques semaines, une grève d’enseignants, dans la ville proche de Zhaodong, avait rassemblé 8000 manifestants, contraignant les autorités à augmenter leur salaire mensuel de 772 yuans en moyenne (100 euros).
Les salaires réels continuent de baisser au Japon
Pour le seizième mois consécutif, les salaires réels ont baissé au Japon en octobre, au grand dam du gouvernement de Shinzo Abe, qui estime que seule une hausse des revenus réels de la population permettra d’enclencher une reprise durable de l’activité dans l’Archipel. Selon des statistiques gouvernementales diffusées mardi matin, la paie totale (qui comprend le salaire de base, les bonus et les heures supplémentaires) versée aux travailleurs du pays a progressé, le mois dernier, en glissement annuel, de 0,5% pour atteindre le montant moyen de 267 935 yens (1800 euros); mais ce rythme de progression est très inférieur à la poussée d’inflation provoquée par la hausse de la TVA et par la chute du yen, en partie orchestrée par la Banque du Japon. Ainsi, lorsqu’il est calculé en termes réels, pour prendre en compte cette hausse des prix, le salaire moyen a reculé, le mois dernier, de 2,8%.