Cartier dope les ventes de Richemont et n’est pas à vendre
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AbonnéLa Compagnie Financière Richemont a signé des ventes annuelles record. L’occasion pour Johann Rupert de signaler une nouvelle fois que ni Cartier, ni son groupe ne sont à vendre

«Je n’ai pas été approché par Bernard Arnault. Nous dialoguons régulièrement et nous nous respectons, mais il ne m’a pas fait d’offre et, je le répète, Richemont n’est pas à vendre. Cela dit, nous ne voulons pas non plus acquérir LVMH.» Vendredi matin, lors de la conférence téléphonique qui a suivi la publication des résultats annuels décalés de son groupe, Johann Rupert s’est montré on ne peut plus clair quant aux rumeurs de velléités de rachat de Richemont, et plus précisément de Cartier, par LVMH. Volonté qui n’a jamais été confirmée non plus par le milliardaire français. Distillées cycliquement depuis des années par des journalistes, se prévalant de sources dites averties, ces rumeurs sont systématiquement démenties par Johann Rupert et sont jugées peu crédibles par les analystes.
Des bruits qui n’entachent en rien les résultats annuels 2022/2023 du groupe genevois de produits de luxe, qui affichent des ventes totales de 19,95 milliards d’euros (environ 19,4 milliards de francs), en hausse de 19% à taux de change réels. Lors du dernier exercice, le chiffre d’affaires de Richemont s’élevait à 19,18 milliards d’euros. Cette performance record s’explique notamment par les ventes dans les boutiques détenues en propre, en croissance de 22% (toujours, à taux de change réels). Le bénéfice opérationnel du propriétaire de 26 maisons, dont 12 actives dans l’horlogerie et la joaillerie, se chiffre à 5,03 milliards d’euros, en hausse de 34%. Son bénéfice net, de 301 millions d’euros a, comme attendu, reculé en raison d’un effet comptable lié à la vente de la plateforme de vente en ligne Yoox Net-a-Porter (YNAP). Une perte plus marquée qu’attendue par les analystes. Acquise en 2015, elle aura coûté plusieurs milliards au groupe, qui s’en est délesté l’été dernier.
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Espoirs sur la Chine
Richemont doit notamment son excellente performance à ses maisons joaillières et en particulier Cartier et Van Cleef & Arpels. «Ce segment a enregistré une croissance exceptionnelle de 24% au quatrième trimestre de l’exercice, contre 11% pour la division Joaillerie et Montres de LVMH», relève Jean-Philippe Bertschy, analyste des biens de consommation chez Vontobel. Le groupe genevois gagne des parts de marché dans ce secteur en forte progression, qui s’explique en grande partie selon Jean-Philippe Bertschy par l’augmentation du pouvoir d’achat des femmes dans les nouvelles générations. A noter encore que le joaillier italien Buccellati, repris par Richemont en septembre 2019, connaît le plus fort taux de croissance du groupe, bien que partant d’une base d’activité plus réduite que les deux navires amiraux que sont Cartier et Van Cleef & Arpels.
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L’Europe joue un rôle majeur dans les bonnes performances du groupe, puisque les ventes y ont augmenté de 31% sur un an hors effets de change. Le spécialiste du luxe met en avant la bonne marche des affaires en France, en Suisse et en Italie dans cette région qui a contribué à 22% de ses ventes annuelles.
Richemont est considéré comme l’un des acteurs du secteur les mieux placés pour profiter de la reprise de la demande en Chine après la levée des restrictions strictes imposées par la pandémie à la fin de l’année dernière. Les exportations de montres suisses vers l’empire du Milieu et Hongkong se sont redressées ces derniers mois, selon les données du secteur, ce qui est de bon augure pour la division horlogère de Richemont, qui a réalisé un chiffre d’affaires combiné de 3,9 milliards d’euros. Tirée, elle aussi par Cartier, mais également par Vacheron Constantin, qui a atteint lors de cet exercice le milliard d’euros de chiffre d’affaires. Jaeger-LeCoultre, Officine Panerai, ou encore IWC tirent également bien leur épingle du jeu à en croire les analystes.
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Les actions de Richemont cotées à Zurich sont en hausse de plus de 35% depuis le début de l’année. A 11h50, l’action avait déjà bondi de 6,52% à 159,20 francs. Johann Rupert a également annoncé que «compte tenu des performances exceptionnelles de l’année, du niveau élevé des flux de trésorerie et de la solidité de la trésorerie nette du groupe, le conseil d’administration propose de verser un dividende ordinaire de 2,50 francs par action «A» (et de 25 centimes par action «B»), en hausse de 11% par rapport à l’année précédente. » A cela s’ajoutera un dividende spécial supplémentaire d’un franc par action «A» (et de 10 centimes par action «B»), sous réserve de l’approbation des actionnaires lors de l’assemblée générale annuelle du 6 septembre prochain.