Chaque année, dans le canton de Neuchâtel, une enquête sur les conditions salariales est menée dans une branche d’activité économique différente. Celle de 2022 portait sur l’horlogerie et les résultats sont excellents, puisque 99,8% des cas contrôlés s’avèrent conformes aux normes conventionnelles ou d’usage. La dernière enquête dans le domaine horloger neuchâtelois avait été menée en 2008. Des données qui réjouissent Philippe Bauer, président de la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse: «Cela démontre que les acteurs de la branche sont respectueux du partenariat social et des engagements pris dans le cadre de la convention collective.»

La commission tripartite chargée de l’observation du marché du travail (CTRIP), composée du patronat, des syndicats et de l’Etat a mandaté le service de l’emploi (SEMP) par son Office des relations et des conditions de travail (ORCT) pour effectuer cette enquête, dans une branche qui représente pas moins de 12% des emplois neuchâtelois.

Sur les 188 entreprises actives dans la branche dans le canton (sous-traitants compris), 157 sont conventionnées. Un échantillon aléatoire, élaboré en collaboration avec le service de statistique, de 66 sociétés et 4712 employés affectés à des fonctions de production et de logistique a été scrupuleusement analysé. Soixante des entreprises sélectionnées respectent parfaitement les normes et six pratiquent une légère sous-enchère qui touche 11 employés, soit 0,2% du panel. Aucune infraction relative au salaire minimum cantonal n’a été observée. Le travail temporaire représente 7,5% des situations passées à la loupe, parmi lesquelles on retrouve également 37% de frontaliers.

«Nous sommes assez satisfaits de constater qu’il y a peu de cas de sous-enchère salariale, relève Silvia Locatelli, secrétaire régionale d’Unia Neuchâtel. Mais nous n’en attendions pas moins d’une industrie du luxe, fleuron de la région.»

Pas d’infraction au salaire minimum cantonal

Les contrôles ont porté sur le niveau des salaires, définit par la CTRIP sur la base soit de la convention patronale de la branche pour les entreprises signataires, soit, pour les autres, du calculateur national des salaires.

A Neuchâtel, les salaires minimaux négociés dans le cadre de la CCT s’élèvent à 3960 francs pour les travailleurs non-qualifiés (dès 19 ans), à 4295 francs pour les travailleurs qualifiés dès 22 ans mais sans CFC et à 4730 francs pour les détenteurs d’un CFC de minimum trois ans.
Ces chiffres peuvent évidemment prendre l’ascenseur selon l’expérience et les qualités des employés, notamment dans la haute horlogerie et le décolletage où les talents se chassent et se volent d’une entreprise à l’autre. Et la pénurie de personnel actuelle ne fait qu’accentuer la pression sur les employeurs en matière salariale. Ce à quoi s’ajoute la spécificité neuchâteloise du salaire cantonal minimum fixé à 3600 francs pour 40 heures hebdomadaires.

Des salaires qu’Unia considère toujours comme étant trop bas et que le syndicat tentera de renégocier à la hausse dans le cadre du renouvellement de la CCT en cours. L’actuelle convention avait été prolongée de deux ans et demi durant le covid et demeure valable jusqu’au mois de juin 2024. «Au regard des bénéfices réalisés par la branche et de la demande qui ne cesse de croître, nous attendons une revalorisation des salaires et un effort de la part des acteurs de l’horlogerie», revendique Silvia Locatelli, qui compte bien mettre en avant la pénurie de personnel annoncée dans la branche pour obtenir gain de cause.

De son côté, Philippe Bauer espère que ces résultats convaincront les syndicats que les patrons des entreprises horlogères respectent leurs engagements et qu’il n’est pas nécessaire d’introduire des contrôles et charges administratives supplémentaires. Les négociations se poursuivront à raison d’une rencontre par mois jusqu’à la fin de l’année au moins.