Nouvelle étape dans la verticalisation de Tudor. La marque horlogère en main du groupe Rolex s’apprête à construire un site de production au Locle (NE) avec une autre entreprise, Kenissi. La nouvelle a été divulguée par le conseiller communal loclois Cédric Dupraz devant le législatif en fin de semaine dernière et relayée par la radio locale RTN. Contactée lundi, la marque genevoise confirme «mener un projet de construction dédié à la production au Locle». Fidèle à sa politique de communication ultra-restrictive, elle n’articule pas d’autres détails.

Même réserve du côté de la Mère commune. «Le Locle salue le projet de développement de ces deux sociétés à haute valeur ajoutée» mais «leur laisse le soin de communiquer sur ce dossier», élude Cédric Dupraz.

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Les détails du projet «Gemini»

Cette usine sera construite sur le terrain situé entre le bâtiment loclois de Rolex et la vieille gare du Col-des-Roches, sur la rue de France. Comme une modification du plan d’alignement était nécessaire pour aller de l’avant, un rapport a été rendu public en fin de semaine dernière par le Conseil communal. En épluchant ce document et en discutant avec différents connaisseurs du haut du canton de Neuchâtel, il est donc possible d’en savoir un peu plus sur «le projet Gemini», comme l’ont surnommé ses promoteurs.

L’usine sera composée de deux bâtiments, reliés entre eux et mesurant chacun une soixantaine de mètres de long. Si l’on se fie au nombre de places de parking prévues – et aux estimations de deux proches du dossier – il paraît raisonnable d’imaginer que ce site pourrait abriter «plus d’une centaine d’employés». Et, comme le terrain appartient déjà au groupe Rolex, tout va très vite; le bâtiment pourrait être inauguré d’ici à 24 mois.

Pour la commune, ce projet est une aubaine: cette usine verra en effet le jour dans un quartier que la ville cherche justement à redynamiser, à seulement quelques centaines de mètres de l’entrée du tunnel d’évitement du Locle – dont l’ouverture est prévue d’ici à 2022.

Partenaire industriel

Cette construction en deux parties s’explique car deux entreprises participent au projet: Kenissi et Tudor. Méconnue dans l’industrie, la première appartient à un très discret industriel indépendant qui fournit notamment tous les plus gros groupes horlogers en glaces saphir. Il pourrait profiter de ce site pour étendre certaines de ses activités.

Pour la marque au bouclier, ce site marquera un nouveau chapitre de sa montée en puissance. Depuis 2015, celle qui commercialise des montres dont le prix est compris entre 2000 et 5000 francs produit en effet son propre calibre qu’elle place dans ses modèles phares que sont Black Bay ou Pelagos. Ce mouvement n’est pas exclusif puisqu’on le retrouve notamment chez Breitling. À terme, le groupe Rolex et Kenissi pourraient d’ailleurs vouloir le proposer à d’autres entreprises.

Un bon connaisseur de la marque résume: «Pour Tudor, tous les signaux sont aujourd’hui au vert; un site d’approvisionnement en propre est donc une évidence.»