Horlogerie
Le premier horloger du pays a annoncé jeudi un chiffre d’affaires en recul de 12% pour le premier semestre 2016, et un profit net en chute de 52%. Pour autant, le groupe biennois maintient sa stratégie et assure constater une «accélération de la consommation» dès ce mois de juillet

D’ordinaire, Swatch Group publie ses résultats sans prévenir. Mais cet été, les résultats se présentaient si mal que le groupe biennois, coté à Zurich, a été obligé de publier un avertissement sur résultats jeudi dernier, annonçant dans la foulée la publication de ses résultats semestriels pour ce jeudi. Très attendus, ces derniers confirment dans l’ensemble les reculs annoncés la semaine dernière, même s’ils s’avèrent un peu moins prononcés que prévus.
Au premier semestre, les ventes du premier groupe horloger du pays se sont montées à 3,716 milliards de francs (-11,4% aux taux de change actuels) et son résultat opérationnel a atteint 353 millions, soit une baisse de 53,6%. Le bénéfice net du groupe a chuté de 52% par rapport au premier semestre 2015 et se monte à 263 millions de francs. La marge opérationnelle s’élève ainsi à 9,5%. Le fabricant des montres Breguet, Longines ou Flik Flak assure constater une reprise de la consommation «déjà en juillet».
Pour le second semestre, il prévoit une «nette croissance en monnaies locales. Les perspectives du groupe, doté d’un portefeuille de marques unique et d’un réseau de distribution et de retail mondial, demeurent bonnes dans toutes les régions et tous les secteurs. A moyen et long terme, il y a beaucoup plus d’opportunités que de risques», insiste Swatch Group. Contacté par l’agence Bloomberg la semaine dernière, le directeur général Nick Hayek évoquait un possible recul des ventes de 6% sur l’année 2016.
Croissance à deux chiffres en Chine continentale
Les causes de cette dégradation sont connues, mais une nouvelle fois listées par Swatch Group. Il s’agit des «dérives supplémentaires des cours de change, de la moindre charge de capacités de production et de la stratégie industrielle à long terme de continuer à investir dans les collaboratrices et les collaborateurs, dans de nouveaux produits et le marketing».
Autre phénomène pénalisant les résultats semestriels du groupe aux vingt marques: les jeux olympiques de Rio, auxquels la marque phare du groupe Omega participe en tant que chronométreur officiel. «Les préparations des jeux se sont avérées extrêmement compliquées et coûteuses, pas seulement parce que 42 disciplines sportives y sont représentées, mais surtout à cause des conditions locales et de la situation très difficile au Brésil», écrit Swatch Group, sans préciser exactement à quoi il fait allusion.
Dès lors, «beaucoup plus» de ressources étaient nécessaires par rapport aux précédents jeux, en termes de personnel, de sécurité sur place, de matériel et de plus amples tests de fonctionnement. «Les dépenses supplémentaires se chiffrant à un montant à deux chiffres en millions ainsi engendrés lors du premier semestre ont été comptabilisées dans cette même période», souligne Swatch Group.
Stratégie inchangée
L’horloger biennois met tout de même l’accent sur quelques points forts. A Hongkong, par exemple, Swatch Group estime que «l’activité de retail a passé le creux du cycle» même si la situation dans le commerce de gros «reste difficile». Dans les ventes de détail en Chine continentale et en Asie du sud-est, l’horloger peut compter sur une croissance à deux chiffres.
En outre, l’entrée en vigueur des nouvelles conditions déterminant le «swiss made» dès janvier 2017 – 60% de la valeur du mouvement doit être fabriquée en Suisse, contre 50% aujourd’hui, notamment – «constitue un net avantage pour Swatch Group avec sa base de production verticalisée en Suisse».
La stratégie du groupe reste inchangée, insiste Swatch dans son communiqué. Elle repose sur deux piliers qui sont la production en Suisse pour tous les segments et l’extension ciblée de son propre réseau de points de vente. «La stratégie à long terme et la philosophie du groupe – maintenir les collaboratrices et les collaborateurs malgré un repli du chiffre d’affaires et poursuivre les investissements dans la base de production suisse – reste délibérément inchangée, permettant de satisfaire immédiatement la demande dès l’accélération de la consommation, que nous constatons déjà en juillet. Celle-ci aura un effet positif immédiat sur la marge», écrit Swatch Group.
Ainsi, les effectifs à fin juin restent «de l’ordre de 36 000 personnes». Seuls certains départs «suite à des fluctuations naturelles» ne sont pas remplacés pour l’heure.