Richemont prévoit d’importants remaniements de ses organes dirigeants. Le groupe de luxe genevois l’a fait savoir vendredi, à l’occasion de la présentation des résultats de son premier trimestre décalé. Ceux-ci font état d’une croissance du chiffre d’affaires de 129% sur un an et à taux de change constant entre avril et juin, à 4,4 milliards d’euros (4,77 milliards de francs, +22% par rapport à 2019). Le consensus AWP pronostiquait une hausse des ventes de 109,1%, à 4,12 milliards d’euros.

Sur deux ans, la division joaillière enregistre la plus forte croissance (43%), suivie par la distribution en ligne (8%). Les ventes horlogères progressent de 6%, tandis que le segment «autres» (mode et accessoires, notamment) recule de 7%. La trésorerie nette du groupe s’élève à 3,6 milliards d’euros, un montant doublé par rapport à 2020.

Mais ce qui retient surtout l’attention dans l’annonce de vendredi, ce sont les changements que le groupe entend opérer au sein de son conseil d’administration et de ses comités lors de son assemblée générale du 8 septembre prochain. Une révision entreprise «à la lumière de la pandémie en cours et de l’accélération continue de la «nouvelle distribution», précise le communiqué publié vendredi.

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Redistribution des tâches

Le comité exécutif supérieur du groupe se concentrera désormais «uniquement sur la direction stratégique, l’allocation du capital, la gouvernance et la fourniture de fonctions centrales et régionales» au profit des filiales du groupe. Les dirigeants de ces filiales se focaliseront quant à eux «exclusivement sur le développement durable de leurs entités respectives, en assurant une approche centrée sur le client et le succès des initiatives numériques».

Dans les faits, cela signifie que les patrons de Cartier, Cyrille Vigneron, et de Van Cleef & Arpels, Nicolas Bos, «se retireront du comité de direction et ne solliciteront pas leur réélection au conseil d’administration». Le groupe précise qu’ils continueront à rendre compte directement au président et actionnaire majoritaire du groupe, le milliardaire sud-africain Johann Rupert.

Philippe Fortunato, directeur général de l’activité mode et accessoires, Emmanuel Perrin, directeur de la division horlogère du groupe, et Franck Vivier, directeur de la transformation, se retireront, quant à eux, du comité exécutif supérieur. Ils en référeront toujours à Jérôme Lambert, directeur général de Richemont.

Ce dernier, ainsi que Johann Rupert et le directeur des finances, Burkhart Grund, resteront au comité exécutif supérieur - qui ne devrait ainsi compter plus que trois membres contre sept actuellement - et brigueront un nouveau mandat au conseil d’administration.

A noter encore qu’Alan Quasha, directeur non-exécutif de Richemont depuis sa création en 1988, ne sollicitera pas non plus sa réélection au conseil d’administration en septembre. L'organe devrait passer de 20 à 17 membres, aucun remplaçant n'étant pour l'heure annoncé.

Une structure «plus rationnelle»

Cité dans le communiqué, Johann Rupert déclare que «le moment est venu de mettre en place une structure plus rationnelle alors que nous entamons une nouvelle étape de notre développement». Selon lui, l’évolution des joailliers Cartier et Van Cleef & Arpels, qui font plus que jamais office de moteur de revenus pour le groupe, signifie que «ces entreprises ont atteint une taille et une échelle qui nécessitent toute l’attention de leurs dirigeants et le soutien du groupe pour poursuivre leur remarquable trajectoire».