Marche arrière toute pour Richemont concernant les primes annuelles des employés. Le groupe de luxe genevois (Cartier, Van Cleef & Arpels ou encore IWC) les paiera finalement intégralement, alors qu’il avait annoncé fin mai les réduire de 25%. Il réagit ainsi aux critiques formulées à son encontre par de nombreux collaborateurs en Suisse et à l’étranger. En Italie, près de 300 membres du pôle joaillerie du groupe s’étaient mis en grève le 5 juin pour protester contre cette mesure.

Ces derniers se disaient notamment choqués par la politique financière du groupe. Comment justifier ces coupes alors même que la rémunération du comité exécutif du groupe augmentait de 35,8% à 41 millions de francs, et que l’actionnaire majoritaire et président de Richemont, Johann Rupert, déclarait il y a peu disposer de suffisamment de liquidité pour traverser trois ans de crise économique? Le syndicat Unia ainsi que des spécialistes du luxe ont également exprimé leur incompréhension.

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«Une reculade spectaculaire»

Ce changement de cap a été communiqué vendredi dernier aux collaborateurs du groupe par le biais d’un courriel que Le Temps a pu consulter. Il y est indiqué que «Richemont a décidé d’accorder 100% des primes calculées, dont 75% seront versés en juin et les 25% restants en juillet». Le groupe précise encore dans son message que cette mesure s’applique à tous les collaborateurs, «à l’exception des membres du comité exécutif pour qui la réduction de 25% restera applicable». Contactée à ce propos, l’entreprise n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Richemont a par ailleurs revu sa politique en matière de chômage partiel. Dans un nouveau courriel envoyé ce mardi aux employés, le groupe indique qu'il «poursuivra la compensation des heures non travaillées à hauteur de 94% pour le mois de juin et jusqu'à nouvel avis». Il avait annoncé précédemment que les collaborateurs en RHT ne toucheraient plus que 80% de leur revenu, ce qui avait également soulevé des protestations.

Le conglomérat qui traverse actuellement une véritable crise de gouvernance semble ainsi vouloir apaiser les esprits. Raphaël Thiémard, responsable de la branche Horlogerie au sein du syndicat Unia, constate qu’il s’agit «d’une reculade spectaculaire, comme on en voit peu dans le milieu». Selon lui, le départ de la directrice des ressources humaines du groupe, Sophie Guieysse, du comité exécutif a facilité cette décision: «Cela permet au groupe de lui mettre la faute sur le dos, même si elle n’est sans doute pas seule responsable.»

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D’autres remaniements attendus

Tout le monde attend désormais de savoir si d’autres départs seront annoncés au sein du comité exécutif, comme le laissent entendre nos sources. Le directeur général de Richemont, Jérôme Lambert, serait sur un siège éjectable et pourrait être remplacé par Cyrille Vigneron, actuellement à la tête de la marque Cartier. Richemont n’a pour le moment donné aucune confirmation à ce propos.