Richemont veut encore biffer 200 à 250 emplois
Horlogerie
Le groupe genevois poursuit sa restructuration. D’autres licenciements d’employés et de hauts cadres ne sont pas à exclure

La restructuration se poursuit. Et son rythme s’accélère. Dix jours après avoir annoncé un grand remaniement de ses équipes dirigeantes, et notamment le départ du directeur général Richard Lepeu, l’on a appris lundi que Richemont prévoyait de supprimer entre 200 et 250 emplois supplémentaires en Suisse. Ceux-ci viendront s’ajouter aux quelque 500 postes que le groupe de luxe genevois a déjà biffés depuis le début de l’année 2015.
Les nouvelles suppressions toucheront avant tout les marques Piaget et Vacheron Constantin, a expliqué le syndicat Unia à l’ATS. Les employés ont été informés vendredi. Contacté lundi par Le Temps, Richemont n’a pas souhaité en dire davantage.
Des chefs de marques en danger
«C’est fini, la politique des petits copains. La transformation qui s’annonce va être radicale», nous avait confié un cadre haut placé chez Richemont à Genève, la semaine dernière. Celui-ci expliquait que durant des années, certains cadres supérieurs du groupe ont «fait des bêtises» sans être sanctionnés et que désormais, le président Johann Rupert avait pris la mesure du problème et que le choc allait être «brutal».
De nouveaux licenciements de cadres et de patrons de marques sont attendus – en coulisses, les noms des chefs de Panerai, Vacheron Constantin, Piaget ou Jaeger Lecoultre sont régulièrement évoqués. En attendant, ce sont d’abord les employés qui font les frais de la mauvaise passe traversée par le groupe.
Un mot-clé: efficacité
Au 1er semestre de son exercice décalé, Richemont a vu son bénéfice net reculer de moitié, à 540 millions d’euros (578 millions de francs). Lors de la conférence qui avait suivi la publication des chiffres, le 4 novembre, le directeur financier Gary Saage – il sera remplacé au printemps prochain – était resté vague sur d’éventuelles nouvelles mesures d’économies. Il avait répété le mot «efficacité», notamment dans les manufactures. Un terme qui ne laissait guère de doute aux syndicats sur la suite des événements.
Le départ de la direction et des employés licenciés a pour objectif de réduire la masse salariale et de «montrer aux actionnaires et au marché que des actions fortes sont menées» pour s’adapter au nouveau contexte, explique un patron horloger qui ne veut pas être nommément cité.
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Du sang frais
Mais il ne s’agit pas que de toilettage, selon lui. Il existerait désormais au sein du groupe une réelle volonté d’apporter du sang frais. Pour Richemont, le défi est certes numérique – les canaux de distribution doivent être repensés et adaptés à la nouvelle génération de clients, mais il est surtout industriel, poursuit notre interlocuteur. «Comment redonner une taille normale à l’outil de production», pour qu’il soit adapté à un marché qui se réduit et qui, probablement, ne montera plus jusqu’aux mêmes cieux qu’auparavant?
Selon une autre source, non seulement le marché se tasse, mais les perspectives ne s’améliorent pas. Les rachats de stocks annoncés ce printemps se poursuivent afin d’assainir des canaux de distribution surchargés. Ces mesures «montrent que Richemont ne s’attend pas à un retour de la demande dans les deux prochaines années, confirme Jon Cox, un analyste de Kepler Cheuvreux cité par Bloomberg. Ils se préparent à la nouvelle réalité dans l’industrie.»
Lundi, Unia a indiqué à l’ATS qu’il tiendra des assemblées avec le personnel sur quatre sites mardi, deux dans le canton de Genève, un sur Vaud et un sur Neuchâtel. Le délai de consultation va durer trois semaines et pourra être prolongé, selon le syndicat. Le plan social négocié précédemment, qui est en vigueur jusqu’en 2017, devrait, du coup, aussi concerner cette restructuration.
En 2015-2016, le groupe employait environ 8600 personnes en Suisse et un peu plus de 20 000 à l’étranger. Les filiales et les structures étrangères seront aussi touchées, selon nos interlocuteurs.
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