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Someco, l’indépendance par la pierre

Le spécialiste neuchâtelois de cadrans, appliques et aiguilles affirme son envie de grandir sans tomber sous le joug d’un grand groupe. Il a lancé mardi la construction d’un bâtiment à Boudry pour regrouper ses 110 employés

Une image de synthèse du futur bâtiment de Someco à Boudry (NE). — © Pierre Liechti Architectes
Une image de synthèse du futur bâtiment de Someco à Boudry (NE). — © Pierre Liechti Architectes

Someco sort du bois. Quasi inconnue du grand public, l’entreprise de sous-traitance horlogère spécialisée dans les cadrans, les appliques et les aiguilles s’offre un bâtiment flambant neuf à Boudry (NE). Les travaux ont déjà débuté et l’ouvrage, fruit d’un investissement de plus de 30 millions de francs, sera opérationnel en été 2020.

Mais mardi, lors de la pose symbolique de la première pierre, Philippe Holzer a reconnu que tout n’avait pas été simple. L’un des deux patrons de Someco et de sa filiale Evosigne a d’abord remercié les autorités locales et cantonales. Mais il a rappelé que la recherche d’un terrain avait été particulièrement laborieuse. «Il nous a fallu plus de quatre ans pour trouver.»

Un signal positif pour le canton

«J’avais préparé un discours en allemand», a aussi plaisanté Philippe Holzer. Un clin d’œil pour souligner que la commune bernoise de Gampelen a failli rafler la mise, avant que les permis ne finissent par être délivrés pour cet emplacement de 12 000 m2 – avec une réserve de 7000 m2 pour une extension – qui accueillait auparavant une entreprise de fibre optique.

Lire également: Les sous-traitants horlogers se rebiffent

Une PME horlogère locale qui choisit de rester, d’investir et de grandir dans le canton. Pour les autorités, c’est un signal politique éminemment positif. «On est heureux, évidemment, de ce nouvel investissement», sourit le conseiller d’Etat Jean-Nat Karakash, qui salue au passage l’esprit entrepreneurial des deux jeunes patrons. Et même si le canton cherche à diversifier son tissu économique – la commune de Boudry accueille notamment la pharma américaine Celgene –, le ministre de l’Economie et de l’action sociale ne cache pas sa satisfaction de voir un spécialiste de la montre affirmer sa confiance par la voie de la pierre. «Nous sommes et nous voulons rester le plus horloger des cantons suisses.»

Doubler les effectifs

Le chiffre d’affaires n’est pas communiqué. Mais les sociétés Jean Singer (propriétaire à 50% de Someco) et Someco livrent à elles deux environ 1 million de cadrans par année à l’industrie horlogère. Les clients, ce sont aussi des concurrents. Swatch Group, Richemont, LVMH… Ces grands groupes qui, à la fois, se fournissent chez Someco, Evosigne et Jean Singer, mais qui ont aussi, au cours de la dernière décennie, racheté des sous-traitants pour verticaliser leur production.

Joris Engisch et son associé Philippe Holzer ont plusieurs fois été approchés par des racheteurs potentiels. Ils ont toujours refusé les offres et voulu conserver leur indépendance, assure Joris Engisch en marge de la conférence de presse. Aujourd’hui, alors que se forment çà et là de petits empires de la sous-traitance, Someco mise sur la croissance organique. «C’est dans ce but que nous avons créé la filiale Evosigne, pour produire des aiguilles», confirme celui qui, en 2012, a repris les rênes de l’entreprise centenaire Jean Singer.

Le futur nouveau bâtiment, qui comptera six étages et 8000 m2 de surfaces utiles, pourra abriter les quelque 110 employés de Someco et d’Evosigne, aujourd’hui répartis entre Corcelles-Cormondrèche et La Chaux-de-Fonds. Mais à moyen terme, les effectifs devraient s’étoffer. Et peut-être même doubler, imagine Joris Engish.